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| Challenge écriture: WRITOBER | |
Re: Challenge écriture: WRITOBER Sam 21 Oct 2017 - 21:17 | |
| texte très expérimental - Spoiler:
Bijou de gorge inestimable Qui transforme le vent en son Vaisseau des peines et des douleurs Navire de la diplomatie De tout oracle indispensable L'arme avec laquelle nous blessons Le pinceau de tant de couleurs Une Alliée puis une ennemie Selon le corps qu'elle empruntera Le sens qu'elle apportera Ou encore ce qu'elle a promis
Aujourd'hui elle se tient avec un concept de l'esprit humain Se veut porteuse d'un tendre espoir D'une nouvelle étoile pour demain A laquelle il faut juste croire
Sèche ces perles à la beauté sale Aucune gloire à te faire mal Ces gens qui te disent anormal Souffrent d'une bêtise abyssale
Je ne me détournerai pas Nous serons deux dans ce Combat Menant l'isolement au trépas
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| | Messages : 2339
Age : 21
Localisation : Ma chambre pourquoi '3' ?
Re: Challenge écriture: WRITOBER Sam 21 Oct 2017 - 21:59 | |
| Vingt-et-unième jour :3 ! Encore des OCs de l'univers de Sarah etc. mais eux ont seulement été cité jamais réellement apparut, et ils apparaissent, aujourd’hui ! Assez de blabla inutile, let's go ! VOIX et COMPAGNIE. - Texte du jour vingt-et-un:
La neige ne cessait de chuter. Le jardin auparavant verdoyant était désormais immaculé de flocons. Motya était à la fenêtre, les mains jointes le long de son corps. Sa silhouette fine était bien droite, ses cheveux blonds platine à la frontière du blanc toujours coiffés en un chignon, des mèches encadrant son doux visage où trônait des grands yeux bleus et un sourire angélique.
Elle était seule, aujourd'hui. Son mari, Tomeslav, était partit pour un voyage très important à Moscou, laissant Motya seule, dans leur demeure de Saint-Pétersbourg.
La solitude, sa seule véritable amie. Enfin, pas vraiment la seule, mais Motya voulait éviter de son souvenir. En ce jour de grande tempête, elle était seule, dans la grande demeure. Le bruit des aiguilles de l'horloge l'énervait au plus au point. C'était sa seule compagnie, ce son énervant, fou.
Les aiguilles lui cherchait des noises, depuis son cadran. Les chuchotements de cette horloge à carillon qui lui disait "alors, comme ça, tu es encore seule ?" .
Ces voix venant de ses démons du passé qu'elle haïssait de tout son être. D'habitude, Motya avait toujours le visage souriant, apaisé, harmonieux. Mais quand elle était seule, quand il n'y avait plus aucun regard qui pouvait se poser sur sa personne, elle devenait subitement plus sombre, les sourcils froncés, les coins des lèvres tombants, et un regard traversant les âmes.
Un démon au masque immaculé.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Sam 21 Oct 2017 - 23:25 | |
| Le texte d'hier, en retard. J'ai fini par écrire un truc assez long... Le Sarkland est le nom donné par les Varègues à la région à l'est et au sud de la mer Caspienne. Celle-ci est nommée la mer des Khazars dans le texte ; il s'agit d'un peuple vivant dans ces contrées. Les Magyars sont les Hongrois. Maouzoune est le nom arabe (actuel) de la banane. - Spoiler:
Writober 20 : Désert / Banane Bagdad, début Xe s La chaleur était étouffante. Les rayons du soleil miroitaient un éclat cruel sur le sable doré qui s'étendait à perte de vue. Svea n'aurait jamais cru que Sol puisse être aussi mauvaise pour les hommes, elle qui n'appartenait que joie et vie sur ses terres, pour moitié de l'année plongées dans les ténèbres de la Longue Nuit d'hiver. En ce pays cependant, la neige de ses terres n'étaient qu'un lointain mirage, un rêve éveillé qui taraudait son esprit d'une pressante envie de rentrer en sa demeure. Il n'y avait pas eu la moindre goutte de pluie depuis des jours, et les autochtones leur avaient assuré que la situation était normale ; il ne pleuvrait pas jusqu'au retour d'une saison plus douce. En attendant, un vent puissant et irritant soufflait sur les étendues désertiques, charriant le sable dans les yeux et la gorge, assoiffant les voyageurs qui se risquaient sur ces routes. C'était la première excursion de Svea au Sarkland. Il avait entendu depuis Koenugardr des rumeurs sur l'opulence et le faste de la lointaine Bagdad. Il se racontait que la ville était plus grande encore que Mikligard, qu'elle abritait un nombre ahurissant de marchands et que ces derniers vendaient pour un moindre coût, nettement inférieur à celui pratiqué par les commerçants qui devaient faire venir ces objets de la ville, des produits luxueux, tels que la soie ou les épices. Mais surtout, ils achetaient avec ces dirhams d'argent tant recherchés. Et Svea savait pertinemment que les Arabes n'étaient pas indifférents aux fourrures, à l'ambre et au miel du Grand Nord. Il avait donc rejoint un équipage qui descendait de Koenugardr jusqu'à Mikligard où ils étaient restés quelques semaines pour commercer. Le capitaine ne voulait pas repartir, tant il trouva une bonne affaire dans la cité des Grecs, mais Svea se montra inflexible. Il n'était ni un jarl ni un roi et, bien qu'apparence juvénile, il en imposait plus que son maigre charisme ; les hommes de l'équipage s'avouèrent emballés par ses récits et il fut voté de reprendre la mer vers Tmoutorokan, à l'est de la mer de Mikligard pour remonter le Donets jusqu'à Sarkel, rejoindre le confluent avec le Don et la Volga et redescendre vers le sud, en direction de la mer des Khazars. Une fois la mer traversé de toute sa longueur, la route s'était avérée plus dangereuse qu'elle ne l'était déjà. Leur chemin traversait des régions où les dangers étaient nombreux et leur petit knörr était une proie alléchante aux yeux des pillards magyars, khazars, bulgares et slaves et pour les pirates grecs et arabes ; ses Væringjar n'étaient pas les seuls à parcourir les pays des Grands Fleuves. Svea faisait confiance aux lames aiguisées et à la volonté sauvage de ses humains pour s'opposer vaillamment à tous ces périls mais, au sud de la mer des Khazars, l'inconnu s'ajoutait au danger. Svea ne s'était pourtant pas jeté dans l'aventure tête baissée, pas comme un certain Danois de sa connaissance l'aurait fait en ayant vent de telles richesses tout au sud. Il s'était minutieusement renseigné et connaissait théoriquement la route vers Bagdad ; il ne restait qu'à la mettre en pratique. Il fournit ses indications au capitaine et ils atteignirent ainsi Gurgan où commençait la Route des Caravanes. Le knörr dut être abandonné sur place, sous bonne garde, et des dépenses faites pour acheter des chameaux et les services d'un guide-interprète. Si l'expédition ne s'avérait pas aussi fructueuse qu'il l'avait décrite, Svea risquait de subir de terribles conséquences de son insistance. Le regard du capitaine avait été éloquent. Son regard lui vrillait la nuque alors qu'ils se balançaient sur le dos inélégant des chameaux. Les bêtes ne semblaient pas souffrir de la chaleur, au contraire des hommes, quoique les Arabes s'en accommodâmes parfaitement, regardant les fiers Væringjar peiner sous le soleil avec un regard goguenard. Plusieurs rixes avaient manqué de se déclencher, son peuple préférant la morsure d'une lame à la honte d'une insulte, mais le calme se maintenait encore. Le regard des Arabes s'était progressivement mué en une sorte d'admiration. Il n'y avait aucun râle, aucune plainte, nulle récrimination chez les siens ; ils avançaient droit devant, sans regarder en arrière, concentrés et têtus. Svea céda à la curiosité d'interroger leur guide-interprète : - C'est que, jeune maître, il y a eu des hommes venus du nord pour descendre vers Bagdad, mais aucun ne fut aussi résistant. - La Longue Nuit a forgé nos corps, marmonna-t-il en réponse, et l'Arabe le regarda longuement, songeur. Le soir même, les deux peuples se mélangèrent autour de boissons, de mets et de conversations, comme ils ne l'avaient jamais fait jusqu'alors. Et lorsque les Arabes entendirent parler de la nuit sans fin de l'hiver, finalement vaincue par la douce clarté du soleil, ils furent impressionnés et il n'eut plus aucune moquerie dans leurs yeux durant tout le reste du voyage. Au bout de ces jours de peine, ils arrivèrent enfin à Bagdad, et la vision fabuleuse chassa leur ressentiment et leur fatigue. Mikligard était un joyau mais la cité des Grecs elle-même était peu de chose devant la majesté et l'immensité de Bagdad, la Ville Ronde. Ils restèrent de longues minutes figés, estomaqués, le souffle coupé. Les caravaniers arabes les saluèrent chaleureusement et continuèrent vivement leur route, pressés de rentrer chez eux, mais ils ne bougèrent pas de la dune. Il n'y avait aucun équivalent de cette vision chez eux. Le climat du Grand Nord interdisait une telle concentration d'hommes, de bêtes et de richesses. Finalement, après s'être gorgé la vue pour en retenir le moindre détail et raconter ce fabuleux récit à ses bróður, Svea se tourna vers leur guide-interprète qui était le seul Arabe qui s'était attardé auprès d'eux. - Où commercer ? L'homme lui sourit, semble-t-il habitué à son air sévère et ses phrases rudes depuis le premier jour. - Au souk Al-Karkh entre les deux canaux. Il y a beaucoup de monde et beaucoup de marchandises. Mais il n'y a pas de telles fourrures. Son regard était dirigé vers le chameau qui transportait leurs marchandises. Les plus belles fourrures que Svea avait pu dénicher y étaient accrochées en ballots qui les protégeaient du sable. Du loup, de l'ours, du renne, tant d'animaux inconnus de ces contrés. Svea espérait en retirer de nombreux bénéfices, surtout des dirhams qui facilitaient le commerce partout où ses hommes cheminaient. - Montre-moi, ordonna-t-il et l'Arabe l'invita à descendre de la dune pour s'approcher des portes de la Ville Ronde. Il y avait encore plus d'hommes qu'il ne l'aurait cru possible. Il sentit sa tête tourner devant une telle effervescence. Les hommes qui l'accompagnaient étaient subitement devenus nerveux, sales et fatigués par leur voyage, mais leur guide-interprète sut efficacement les mener entre quelques ruelles dépourvues de foule. Il se chargea également de régler toutes les affaires relatives à légaliser leur commerce au souk Al-Karkh et leur trouva même une place ombragée et fraîche, surtout en soirée, lorsque l'éclat du soleil devenait moins pesant. Svea n'eut pas à convaincre le capitaine d'augmenter la solde de l'homme, tant il s'avérait efficace à combler leurs besoins, même informulés. Le premier jour, ils ne purent bouger de leur étal. Les Arabes se pressaient autour de leurs fourrures, du miel et de l'ambre qu'ils avaient mené du Grand Nord. Certains furent même intéressés d'acheter leurs épées et il eut des hommes parmi l'équipage pour accepter un échange. Ce ne fut donc qu'au deuxième jour que Svea put se balader parmi les étals du souk, en quête de quelques bonnes affaires. Il trouva de la soie particulièrement riche et quelques perles d'un vert éclatant qu'il monta en parure, espérant pouvoir un jour l'offrir à Suomi. Au troisième jour, la faim le trouva près d'un vendeur de fruits et légumes plus exotiques les uns que les autres à ses yeux inaccoutumés. La surprise fut de taille devant un étrange fruit allongé et jaune, présenté en énormes grappes presque plus éclatantes que le soleil. - Tu devrais goûter la maouzoune, Homme du Nord, l'apostropha le vendeur d'un air guilleret. Ses yeux de renard le fixaient comme s'il était un lapin goûteux ; il avait reconnu les marques de richesse dans sa tenue. Son regard sévère, par sa surprise, n'eut heureusement aucun effet néfaste, le sourire du commerçant ne tressaillant qu'à peine. Le guide-interprète étant resté avec ses hommes, il dut faire appel à ses maigres connaissances d'arabe pour comprendre ce qui lui était dit. - Il n'y a rien de pareil dans tes contrées, voyageur. Ces fruits ne poussent qu'en certains endroits. Il est nourrissant et te tiendra l'estomac durant tes pérégrinations. Svea regarda à nouveau l'étrange fruit et baragouina dans un arabe bancal, fortement accentué : - Tient le temps ? Le vendeur fronça les sourcils, réfléchit un instant, puis haussa une épaule désolée : - Plutôt mais il ne résistera pas à ton voyage de retour, tout au plus jusqu'à la mer. Svea haussa lui-aussi une épaule en réponse. Tant pis pour ses bróður, il ne pourrait que leur ramener le récit de sa propre expérience. - Combien ? demanda-t-il en pointant une grosse grappe bien garnie. A vu de nez, de quoi partager convenablement avec les hommes de l'équipage. Le prix s'avéra élevé et Svea adressa un terrible regard d'avertissement au marchand, sans doute abusé par son âge apparent et son statut d'étranger. Cette fois-ci, comprenant la menace réelle, l'homme blêmit et s'excusa vivement, lui donnant un prix plus convenable. Quand il s'en revint sur ses terres, après de longs mois de voyages et d'hivernation, ses bróður furent circonspects de sa description et Svea se demanda vraiment si une maouzoune valait de casser le nez arrogant de Danmörk. Heureusement pour lui, Nóreegr sut efficacement calmer son effusion de moquerie par quelques sarcasmes bien placés et lui éviter une humiliante douleur. Et lorsque Svea trouva de nouvelles épices lors d'un autre voyage, il se garda bien d'en ramener à Danmörk, gâtant cependant généreusement Nóreegr sous les yeux jaloux et dépités de leur bróður ; une douce vengeance qu'il savoura longtemps.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Dim 22 Oct 2017 - 0:09 | |
| Et donc celui d'aujourd'hui : j'ai rattrapé mon retard ! Encore une fois Suède sur la route des Varègues aux Grecs, centré sur les rapides du Dniepr. - Spoiler:
Writober 21 : Voix / Compagnie
Dniepr, courant VIIIe s Le knörr gémit, le bois crissa, et ce fut comme le gémissement d'un homme agonisant. Accroché au gouvernail, les muscles bandés pour tenir le cap, Svea sentit une goutte froide d'appréhension descendre le long de sa colonne vertébrale. Mais le bateau, sous un dernier hurlement de douleur, franchit le rocher contre lequel il s'était coincé, et se fit happer dans le courant déchaîné des rapides. Une vraie terreur faisait galoper le cœur de Svea. La situation était plus qu'anormale. Il ne devrait pas être là, à maintenir un cap d'acier mais terrifié, à diriger le knörr vers le salut ou la mort. Mais le capitaine avait été assommé lorsqu'un éclair avait abattu le grand mât. Le long tronc gênait les mouvements erratiques du knörr, la voile échouée ne faisant qu'entraver sa course effrénée, et Svea ne savait même pas si le capitaine était encore en vie. Le tonnerre de l'orage qui les avait surpris en plein milieu des rapides du Dniepr était trop puissant pour qu'il entende le moindre son, la noirceur de la nuit trop prégnante pour qu'il y voit quelque chose. Il naviguait sourd et aveugle, n'ayant que ses souvenirs et ses expériences pour deviner la route vers leur salut ; et la clémence des Dieux pour l'épauler. « Maintiens le cap, bró ! Les Puissances ont un œil protecteur sur nous. » Svea sursauta presque en entendant la voix impérieuse et confiante de Danmörk. Son bróðir se trouvait sur ses terres ou en pillage chez les Angles, les Saxons ou les Francs. Il fut moins surpris d'entendre le sarcasme de Nóreegr, tellement habitué à ses remarques tempérant le discours de Danmörk, même si lui aussi n'était pas présent sur le knörr. « Surtout si tu leurs donnes de la Puissance par quelques offrandes. » Qu'à cela tienne, ses bróður étaient avec lui dans l'épreuve. Leur compagnie lui manquait et il acceptait volontiers le fantasme de son esprit : ensemble, ils étaient plus forts que tous les périls réunis. Il sentait leur chaleur le réchauffer, leur présence le rassurer, leur confiance restaurer la sienne entamée par la peur. Svea connaissait cette route, il l'avait déjà empruntée, il savait où se trouvaient les rochers. S'il pouvait apercevoir une seconde où il se situait exactement, il mènerait le knörr sur des eaux sûres, avec le concours des Dieux. « Regarde ! » s'exclama la voix sobre de Nóreegr et il chercha aussitôt aux alentours, happant du regard, en une demi-seconde fugace, un arbre tordu qu'il se rappelait avoir vu lors d'une précédente descente. Svea reprit en main le knörr, redressa sa trajectoire, et avança résolument dans son aveuglement, dans la tourmente des rapides et la bruyante cacophonie des éclairs. « Tu as réussis, bró ! » Et d'un coup, conjointement à l'exclamation de Danmörk, le knörr jaillit hors de l'orage, tel un saumon s'élevant de la cascade, et glissa avec paresse sur un fleuve calmé de sa fureur et rempli de langueur. Svea laissa tomber son front sur le bois mouillé du gouvernail, soupirant faiblement, les muscles douloureux de l'épreuve. Il commençait à retrouver ses sens, apercevant les hommes qui l'entouraient, entendant leurs plaintes et leurs remerciements. Et comme une corde claquant dans le vent. « Prends garde !» hurlèrent ses bróður, vrillant son crâne douloureux, et le faisant chanceler alors qu'il se relevait. Les Dieux furent propices ; la flèche passa à quelques millimètres de sa tête, se fichant dans la gorge d'un membre de l'équipage. Les gargouillis de son agonie semblèrent durer des heures puis un silence médusé et pesant tomba sur eux. Silence qui explosa aux cris subits des cavaliers qui venaient d'apparaître de part et d'autre des rives du Dniepr, souriant d'une cruelle satisfaction. - Des Magyars ! Svea reconnaissait en effet leur arc spécifique, cette terrible arme capable de transpercer de la maille, et il savait que ces cavaliers étaient un danger mortel sur le dos de leurs fringants chevaux. Mais ils étaient des Væringjar, et ils ne se rendraient pas sans combattre ; ils vaincraient ou rejoindraient la Vahöll. Le capitaine était bien mort, le cœur percé par un éclat de bois qui avait jailli du mât blessé lorsqu'il avait chu. C'était donc à lui de prendre le relais du commandement, auréolé de sa bravoure sur les rapides. - Repoussons-les ! croassa-t-il d'une voix meurtrie par l'angoisse qu'il avait éprouvé. Mais elle était ferme et impérieuse, il fut aussitôt obéi. Les hommes s'armèrent d'arcs, de javelots et de courage et s'abritèrent derrière les boucliers qui ornaient les flancs du bateau, défendant l'embarcation comme s'il s'agissait d'un fort. « Fais-leur mordre la poussière ! » rit sombrement Danmörk, et Svea imaginait parfaitement sa fougue le soutenir dans le combat. Nettement plus posé, Nóreegr ne faisait que marmonner doucement, ne parlant qu'à ceux assez sages pour l'écouter : « Prenez garde qu'il n'y ait pas un chaman parmi eux. Ils sont aussi terribles que ceux des Finnar et des Finasses. » Svea faisait partie de ces prudents qui captaient le moindre murmure des sorciers sur les choses de la magie. A son grand soulagement, il n'y avait nul chaman parmi les guerriers qui cavalaient autour du knörr, osant même enfoncer le poitrail de leurs chevaux dans l'eau du fleuve. La victoire était possible, ou du moins la survie. Peut-on parler de victoire sans butin ? Le fleuve coulait, les heures passaient, les cavaliers tombaient, ses hommes mouraient et continuaient de se battre. Puis les Magyars cessèrent leurs cris de guerre et se rassemblèrent, comptant leurs morts. Leur yeux farouches les dévisageaient : ils pouvaient encore se battre, et certainement gagner au bout du compte, mais leur farouche résistance avait trouvé gloire à leurs yeux. Cabrés sur leurs chevaux, ils saluèrent les guerriers qui avaient résisté à l'orage, aux rapides et à la pluie de flèches, et lancèrent leurs montures dans un galop effréné vers des proies plus aisées à chasser. Svea soupira doucement et se laissa glisser contre le bois du bateau. Les Dieux avaient été bons avec eux en fin de compte. Il se sentait tellement fatigué et ses bróður lui manquèrent alors atrocement. Les voix que sa tête mettaient en scène ne suffisaient plus à le combler ; une irrépressible envie de la chaleur de leur compagnie afflua en lui, rompant ses digues. Il se mordit les lèvres jusqu'au sang pour ne pas laisser échapper un seul sanglot. Le soleil revenait sur le knörr et, bientôt, il aurait chassé la mélancolie.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Dim 22 Oct 2017 - 0:13 | |
| Alors, ce texte est un éclairage sur la situation de Aoife et Cael, toujours dans Welcome to the Show. Le thème s'y prêtait. Voilà - Spoiler:
S'il tenait à vivre en sa compagnie, avec l'enfant: il devait l'épouser. Ainsi en allait-il. Sauf, qu'il ne lui en avait pas été laissé le temps. Brighid, la grande sœur de Cael s'apprêtait à plaider sa cause devant les parents de Aoife. Ils ne pouvaient pas exiger de renvoyer son cadet en Irlande alors qu'il n'avait rien fait de mal! Il l'aimait de plus! Pourquoi les éloigner? Il s'agissait d'une relation consentie entre deux jeunes gens débouchant sur une grossesse. Quoi de plus logique le mariage? Même pas...
Elle ne s'attendait pas à ce que Madame lui ferme quasiment la porte au nez...Quel choc! Alors, impossible à ce point de discuter? Parlementer? Défendre Cael qui se retrouvait avec une étiquette de criminel injustifiée? Rétablir la vérité? Leur expliquer les circonstances? Evoquer les sentiments de leur fille, qu'elle connaissait? Toujours non. le "Rentrez chez vous, Mademoiselle" la cloua en un coup d'épée porté dans son dos. Peine perdue...
Son petit frère, pour éviter les poursuites juridiques devrait simplement quitter la ville, prendre le bateau pour l'Irlande où des cousins restés sur place l'assisteraient dans ses démarches administratives. Il allait trouver du travail, un logement, ou, un apprentissage. Cela n'en restait pas moins profondément insultant... Pour lui, pour leur famille... Cette séparation la pesait, elle croyait, naïveté confondante pouvoir éviter qu'elle ne survienne en les poussant à entendre raison. Les Ó Néill n'en démordaient toujours pas. Agression sur leur fille, ils ne concevaient pas de scénario différent. Aoife ne semblait, dans leur esprit pas en mesure de tomber amoureuse...
Donc, ça s'arrêtait là? Son cadet les quittait parce qu'un couple de généticiens abrutis pensait, à cause de leurs théories, leurs études à la con que leur gamine avait forcément été victime de Cael?! La rage manqua de tout consumer en elle. La jeune femme les maudit avec force, leur souhaitant de crever dans un accident de voiture. Lequel rendrait service à leur enfant, la libérant de cette emprise malsaine qu'ils exerçaient sur elle.
Premières larmes, acides, brûlant ses yeux, souillant ses joues, engluant son cœur. Dans une manifestation futile de sa colère, elle abattit sans ménagement son épaisse botte contre un des nains décoratifs. Le voir à terre la soulagea ponctuellement. L'écraser? Il ne manquerait plus qu'ils préviennent la police pour vandalisme, autant partir. Avant, elle se retournant vers la fenêtre offrant au couple honni un majeur ostensiblement levé, puis tourna les talons.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Dim 22 Oct 2017 - 14:23 | |
| Pour aujourd'hui, un regard centré sur les modalités de traité entre les Francs et les Scandinaves, ici Carolingiens et Danois. Attention à la date : nous sommes au tout début du IXe s, même le Danemark, plus précoce des trois, n'a pas encore une royauté unie. Il est encore très jeune. Pour montrer rapidement les troubles dynastiques : Godfrid (804-810) : assassiné. Hemming (810-812). Aucune idée de comment il est mort, mais son règne est très court. Siegfried et Anulon. Contestés par les fils de Godfrid et morts au combat dès 812. Harald Klak, frère d'Anulon (812 - 813 puis 819-827 : avec l'aide de Louis le Pieux) - baptisé en 826. Associé à son frère Reginfred 812-813 : tué par les fils de Godfrid lorsqu'ils tentent de reprendre le pouvoir après 813. Horik Ier (813-854) : fils de Godfrid qui s'impose définitivement en 829 quand il chasse définitivement son rival Harald Klak. Du côté franc, Charlemagne (Charles le Grand) est empereur depuis le 25 décembre 800. Il est vieux en 810-811 (il meurt en 814) et ne dirigeait pas l'armée qui s'avance sur le Danemark. - Spoiler:
Writober 22 : Société / Convention Traité de paix entre les Carolingiens et les Danois, 810-811 Danmörk brûlait d'une colère bouillonnante envers ses propres humains. Il n'arrivait pas à saisir la logique de leurs raisonnements et de leurs actions. Godfrid avait été un roi puissant. Il s'était imposé aux Francs, clamant son autorité souveraine en combattant leurs alliés slaves, les Abodrites, et en attaquant la Frise où il avait levé un tribut. Que Charles le Grand s'en soit senti assez offensé pour lever une flotte, traverser le Rhin et voguer vers la guerre, n'était pas un mal, juste une occasion de monter aux Francs le courage et la valeur des Danois, et la puissance de leur roi. Danmörk avait senti une grande impatience prendre racine dans le creux de son ventre, pressé par son désir de se frotter à Francia, plus âgé et renforcé par son statut récent d'Empire, et de lui démontrer par les armes sa propre grandeur. Il n'avait pas prévu que son propre peuple assassine son roi. La douleur avait été terrible. Elle l'avait totalement pris par surprise au cœur de la nuit, le laissant pantelant, effrayé et l'esprit perdu. C'était désormais Hemming, un neveu de Gofrid, qui portait la couronne des Danois. Malheureusement, les crises dynastiques avaient trop ébranlé le pays : l'armée de Charles le Grand était devenue une menace mortelle. Hemming avait envoyé des messagers informer l'empereur de Francia que Godfrid était mort. Son objectif avait été atteint : Charles avait préféré faire demi-tour à son armée, pourtant arrivée au confluent de l'Aller et du Wesser, plutôt que se lancer dans une coûteuse campagne. L'hiver s'avérait rigoureux en cette fin d'année et même Danmörk devait s'avouer soulagé que les Francs aient préféré rebrousser chemin. Quand le printemps arriverait, ils pourraient ainsi reprendre là où la mort de Godfrid avait arrêté le temps. Sauf qu'Hemming n'était pas dans les mêmes dispositions que son oncle. Un serment fut adressé sur des épées, sacré et inviolable, énoncé sous le regard des Dieux, en attendant une saison plus propice pour des négociations. Danmörk avait été ulcéré d'ouïr une telle nouvelle qui sonnait le glas du glorieux chemin emprunté par Godfrid. Faisant fi de la prudence qui lui conseillait de rester caché des yeux humains tant que durerait l'instabilité politique, la situation d'Hemming restant menacée par d'autres prétendants, il se rendit auprès du roi. - Attaquons les Francs ! Hemming le fixait avec des yeux sévères, comme s'il considérait un enfant récalcitrant, et il gonfla les joues en fronçant les sourcils, mécontent de ce regard et du jugement qu'il portait. - Nous nous battons déjà entre nous et Charles est à la tête d'un puissant Empire. - Il nous craint, il a fait demi-tour, insista-t-il, trépignant sur place, les poings serrés de colère. Hemming soupira, d'agacement ou de lassitude, il ne saurait trop le dire. - L'empereur est sage : il n'a pas engagé son armée dans le vent enneigé de l'hiver. - Mais Francia peut être vaincu ! - Nous avons juré de faire la paix, asséna férocement Hemming en battant l'air de sa main, inflexible dans sa volonté de mettre fin à la discussion. Danmörk ouvrit la bouche pour répliquer mais son roi fut plus rapide : - Veux-tu mener ton peuple au gouffre ? Regarde-toi, regarde Francia, la différence est flagrante : tu es encore un enfant. Danmörk montra les dents, pris d'une poussé de fureur, et s'enfuit de la salle du trône sans qu'Hemming ne tente de l'arrêter. Il se sentait étrange depuis la mort de Godfrid. Une haine féroce battait ses tempes d'une impérieuse douleur, une faiblesse lancinante frappait son corps ; il était tiraillé entre deux forces, entre les camps qui s'agitaient au sein de son peuple. Peut-être qu'Hemming avait raison, ou peut-être qu'il avait tort, l'esprit de Danmörk était flou. Il ne pouvait que se raccrocher à la volonté de Godfrid : tout avait été clair sous son règne. Il passa l'hiver à réfléchir aux propos d'Hemming. Il s'intéressa plus longuement au pouvoir qu'avait donné à Francia le couronnement impérial de Charles le Grand à Rome. Son territoire était immense, son empereur respecté, sa dynastie assurée ; tout le contraire de son actuelle situation. Alors, calmé et assagi, il retourna vers Hemming au printemps, avant que la délégation soit envoyée rencontrer les émissaires francs. - Je veux assister aux négociations. Hemming parut surpris de la douceur de son ton, qui n'en restait pas moins un ordre, et son visage sévère s'adoucit. - Tu ne peux pas. L'empereur a envoyé douze hommes de confiance, j'en ai fait de même. Mes frères Hankwin et Angandeo concluront officiellement la paix avec le comte Wala, un membre de la famille impériale. - Et alors ? Je peux bien y aller. - Et briser les conventions décidées après d'âpres discussions ? Nous avons conclu avec Charles que la cérémonie se tiendrait sur l'Eider, entre nos royaumes, en présence des grands de nos pays. Danmörk cligna des yeux, ne comprenant toujours pas la raison qui l'empêchait d'assister à la cérémonie de paix. Il n'avait pas l'intention d'y faire une esclandre qui annulerait les négociations. Hemming se leva de son trône, le regardant avec la tendresse d'un parent pour son enfant, et s'agenouilla devant lui pour ébouriffer gentiment les cheveux. - Si tu y vas, lui expliqua-t-il patiemment, il y aura treize Danois pour douze Francs. - En quoi ça serait gênant ? - Ca serait leur dire que nous rompons l'égalité décidée avant la cérémonie pour nous positionner comme supérieurs. Tu saisis le message que nous leur enverrons dans ce cas-ci ? - Une insulte, murmura Danmörk en baissant des yeux contrits et déçus. La main d'Hemming farfouilla à nouveau dans ses cheveux, ébouriffant encore plus les pics sans queue ni tête qui se dressaient dans tous les sens. - La guerre reprendrait. Hemming se redressa, se drapant dans l'aura royale qu'il travaillait depuis qu'il avait pris la succession de Godfrid, et qui lui était tant contestée. - La cérémonie a été minutieusement préparée. Douze Francs discuteront avec douze Danois et de chaque côté, ce seront des hommes de grandes lignées. Ils se rencontreront à Heiligen, sur l'Eider, aux confins des deux royaumes : là se tiendra dorénavant notre frontière commune. Nos Puissances et le Dieu des Chrétiens seront invoqués et une malédiction lancée sur les parjures. - C'est compliqué, gémit Danmörk, une moue au visage. Hemming haussa une épaule distraite. - Ce sont les conventions qui régissent nos sociétés, et encore plus nos interactions. Danmörk dut donc se résigner à attendre au palais les nouvelles de la cérémonie de paix. Elle se déroula sans accident et Hemming lui permit, pour apaiser sa déception, de choisir les cadeaux qu'il envoya avant un nouvel hiver à la Aix-la-Chapelle, où séjournait Charles le Grand. Lorsque Hemming mourut l'année suivante, relançant les guerres de succession pour le trône vacant, Danmörk le pleura un jour entier, s'étant finalement attaché à ce roi éphémère, et se retira au fin fond de ses terres, puis les quitta pour visiter ses bróður. Le chemin d'Harald Klak, exilé chez les Francs et baptisé pour recevoir l'appui de Louis, lui fut indifférent. Il attendit que les querelles dynastiques se tassent pour ne rejoindre Horik, fils de Godfrid, que lorsqu'il fut reconnu comme seul roi des Danois.
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Re: Challenge écriture: WRITOBER Dim 22 Oct 2017 - 23:28 | |
| Et nous voici déjà rendus au vingt-deuxième jour >w< ! Là, je raconte un passage de ma vie nulle de la dernière convention que j'ai faite, c'est-à-dire Paris Manga d'automne 2017 Bref, let's go ! ( Vati = ma petite-amie, appelée par le début de son pseudo ( parce que toujours répéter Vatimancraft c'est chiant au bout d'un moment- ) ) . CONVENTION. - Texte du jour vingt-deux:
La chaleur étouffante. Les personnes colorées marchant çà et là. Les stands à craquer ne semblant jamais se finir. Yui adorait aller en convention. Le premier stand qu'il faillait qu'ille remarque, était le stand boy's love, évidemment. Ille rigolait telle la personne immature que Yui était. Accompagné.e de Vati et son père, qui partit de son côté, illes s'en allèrent explorer la convention.
Tellement de chose s'étaient passé, à cette convention. Notamment les allers-retours incessant de Vati entre l'endroit où illes se trouvaient tous deux et le stand VoxMakers pour savoir quand arriverait Cyrix, que Vati ne cessait de qualifier de "pokémon légendaire shiny" des Vox.
Puis le moment où Vati à joué sur une vieille console à un jeu Megaman, pendant que Yui se lisait son yaoi tout juste acheté. "Est-ce que se taper un zhen c'est de la zoophilie ?" ne cessait de penser Yui pendant sa lecture.
Bref, c'était la vie nulle de Yui.
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Re: Challenge écriture: WRITOBER Lun 23 Oct 2017 - 14:36 | |
| On s'approche dangereusement de la fin du Writober ._. aujourd'hui, j'utilise des OCs encore jamais apparus/cités et dont l'univers n'a jamais été exploité. Mais bref. ( Outre le fait qu'un des personnages se nomme Lunatoris, ce n'est aucunement moi, au départ ça avait été un surnom pour moi mais j'ai fini par le redonner à une OC, mais j'ai gardé le Lunatoris pour démarquer le pauvre "Yui" . ) SONGES et PLUIE. - Texte du jour vingt-trois:
La tempête hurlait, dehors. Des nuages noirs, des éclairs dorés, en Enfer pluvieux. Lunatoris était sous sa couette, grelottant de froid et effrayée par les bruits et ombres démoniaques qu’effectuaient les branches des arbres et les gouttes d'eaux contre la vitre. Son frère jumeau, Luciam, était devant la dite fenêtre, regardant l’extérieur.
- Quand la pluie va-t-elle s'arrêter ? Demanda sa jumelle, d'une voix tremblante. - Bientôt Luna' , bientôt. Maintenant, dors. - Mais je ne peux pas, avec tout ce bruit, et ces ombres horribles !
Quand elle avait autour des onze ans, elle était très peureuse et était effrayée de tout. Et assez maladroite, un peu. Son frère n'était pas mieux qu'elle, en fin de compte.
Ce dernier s'approcha de Lunatoris, et lui tapota gentiment sa tête châtaine.
- Ton frère est là, tu n'as rien à craindre, je te protégerai de ces monstres. Tu peux dormir la conscience tranquille, maintenant.
Luciam était comme son ange gardien. Toujours bienveillant envers elle, le frère idéal. Une phrase de sa part, et Lunatoris était rassurée pour toute une journée. Elle se demandait même si son jumeau n'était pas un magicien.
- D'accord, merci Luciam ! Sourit-elle en lui embrassant la joue. - De rien, fais de beaux rêves, maintenant.
La petite fille ferma ses yeux yeux violâtres, et fini par s'endormir, serrant son lapin en peluche qui lui servait de doudou. Elle était si mignonne, quand elle dormait.
Luciam avait vraiment une petite sœur parfaite.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Lun 23 Oct 2017 - 21:21 | |
| Miss Maclean, fait référence au nom d'épouse de Kennocha. Nerys n'ayant aucun lien de parenté avec elle, impossible de la désigner par son prénom. Je ne parle pas de l'endroit où se déroule l'action car je devrais vous assommer d'explications sinon. Il y a de fortes chances que dans les thèmes à venir je raconte dans les grandes lignes l'histoire rapide des parents de Monroe, explique un élément de la famille de Mary-Queen et pose la situation particulière de Nerys. Duane, je ne prévoie plus de revenir sur lui, en rassemblant les pièces du puzzle, vous avez assez d'éléments pour connaître le principal sur le passé de ses parents. (Pourquoi je dis ça, moi? Haha) - Spoiler:
En cette journée pluvieuse automnale qui aurait pu donner le mal du pays à n'importe quel ressortissant de Grande-Bretagne, Aoife Ó Néill, jeune mère préparait des crêpes. Son petit garçon de quatre ans adorait cela. Afin de le consoler d'un départ, elle se munissait d'une poêle, dans l'optique de lui rendre l'insouciance qui le caractérisait. Durant la formation de la lune comestible, ses pensés s'échappaient lui permettant de garder toujours la maîtrise sur ses actions.
Elle était partie... Ce matin, alors que Duane dormait, Pam avait définitivement quitté le petit appartement qu'ils partageaient à trois depuis la naissance du garçonnet. La faute lui en incombait, à elle seule, pas à l'étudiante. Un jour, son goût pour le silence leur causait préjudice, à elle, ainsi qu'à son fils, redoutait la jeune femme. Ce constat, cette peur ne suffisait à lui faire desserrer les lèvres ou, s'ouvrir à l'Autre. Trop de d'éducation conditionnée, de "tiens toi à l'écart et ne te manifeste pas" de la part de sa génitrice. La mère célibataire caressait à l'occasion le rêve de rencontrer un jour celui qu'il l'aimerait pleinement et entièrement, gommant par la même occasion ses faiblesses et ses erreurs.
Duane allongé sur le tapis du petit salon imaginait un avenir prometteur. Sa Maman allait revenir un soir lui annonçant qu'elle avait trouvé un homme gentil, qu'il deviendrait son Papa. L'absence d'un référent masculin lui manquait, il se gardait d'en parler, suspectant la tristesse maternelle, or, Pam, le temps de leur cohabitation n'avait jamais comblé ce vide. Pas un nom, un visage, un mot sur celui qui expliquait sa présence sur terre. Qu'importait de qui il s'agissait, son âge, son pays, sa religion, dès l'instant que Maman le présenterait à lui, l'enfant lui montrerait un amour inconditionnel. Ce jour, il l'attendait avec impatience. Qui savait si ce "il" mystérieux n'accepterait pas de l'emmener pêcher? Ou ne lui donnerait pas un petit frère, voire une petite sœur plus tard?
Emporté dans cette vision de famille parfaite, le visage du petit garçon s'illumina. Oui, il serait le grand-frère, pas trop protecteur, ce qu'il fallait pour guider, conseiller. Ils iraient à la fête foraine chaque vendredi soir, tous ensembles, ou, uniquement Papa, voire Maman. Plus grands, il la, parce que, sincèrement, quitte à choisir, il désirait plus une petite sœur, il la conduirait au cinéma de quartier. Quand il ne pourrait pas ou aurait des obligations, il demanderait au possible à son ami Monroe de garder un œil afin que personne ne l'embête ou ne la tape. Mary-Queen, la fille des voisins en bas lui prêterait ses jouets qu'elle ne se sente pas trop seul quand il se consacrerait à Monroe. Il connaissait le second garçonnet là dessus, jamais il ne supporterait une petite dans leurs pattes en permanence. Il devrait donc faire...Ce que les grands nommaient Concessions.
Monroe essayait d'écouter Nerys, invitée par Tante Kennocha de manière ce qu'elle lui tienne compagnie. Pas la peine, son esprit tentait de percer le sens de la conversation avec sa parente au sujet de Papa et Maman. Les yeux de Tante Kennocha étaient devenus bizarrement flous quand il avait demandé pourquoi Maman ne s'occupait jamais de lui, pourquoi Papa affichait cet air distant. Pourquoi tout à leur sujet devenait toujours si compliqué? Ils ne l'aimaient pas? Non, assurait-elle, ils n'y arrivaient pas. Enfin, se reprit-elle pas...Correctement, pas comme un couple...Ordinaire. Il aurait par conséquent mieux valu que Tante Kennocha soit sa Maman puis voilà.
La fillette gonfla les joues, outrée du manque d'attention que lui prêtait son hôte. Ca servait à rien de la convier s'il ne lui accordait pas un regard! Enfin, Miss Maclean assurait que Monroe avait besoin du soutien de ses amis ce moment. Ha, il le montrait d'une drôle de façon! Le grand garçon aux très sombres cheveux roux avait toujours été étrange, elle n'était plus à ça près. Quand même! Vexée au possible, elle se perdit dans la contemplation de la pluie, laquelle la conduisit à s'imaginer une histoire fantastique où elle s'immergea complètement. Tant pis pour Monroe, il avait eu sa chance, na!
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Lun 23 Oct 2017 - 23:19 | |
| Centré sur Finlande ce soir. J'adore l'imaginer chaman avant sa christianisation (forcée aux XIIe-XIIIe s). Baste ! Il s'appelle Väinämöien ! Väki : esprits tutélaires habitant les éléments et l'environnement. Haltija : créatures spirituelles pouvant prendre diverses formes (humaines ou animales). Chaque individu en possède une dont les fonctions sont de protéger et de garantir fortune et fertilité. Fylgjur : esprits tutélaires possédés par chaque individu, le protégeant toute sa vie durant. Amusant de noter qu'haltija et fylgur se rassemblent pas mal ! Apercevoir ces créatures spirituelles, propices mais invisibles, étaient un signe de malheur à venir. - Spoiler:
Writober 23 : Songes / Pluie
Staraja-Ladoga, milieu VIIIe s
Les premières notes s'élevèrent en concert avec les premières gouttes. L'orage était calme, apaisant, sans une once de tonnerre et nul éclair pour trancher l'horizon d'un sombre présage. Juste les innombrables particules d'eau qui tombaient, se déversaient et imbibaient la terre en une promesse de vie et de prospérité. Le tambour se mit à jouer au milieu des gouttes, survolant leur musique, amplifiant leurs voix, saisissant leurs mots. Le chaman dansait les yeux fermés, imprégné du chant de la pluie et du tambour entremêlés selon ses mains virevoltant avec une vie propre. Ses pieds nus sautillaient et s'enfonçaient dans le sol humide. Relié avec la terre, en osmose avec le ciel, Suomi se mit à chanter, élevant sa voix parmi les gouttes de pluie et le chant du tambour. Il chanta la grandeur d'Ukko Ylijumala. Dieu du Ciel, dieu suprême, qui envoie le Grand Ours Céleste auprès des Hommes. L'orage, la guerre, le ciel, le maître des chasseurs, armé du puissant Ukonvsara. Il le remercia pour sa bonté, pour la pluie bénéfique qui venait abreuver la terre d'une eau propice, pour les chasses prospères nourrissant les hommes, les femmes et les enfants de son peuple. Il chanta Väinämöinen, le Vieil Homme de la mer, né avant tous les Hommes d'Ilmatar, fille du Ciel. Il rappela aux väki de l'eau, de la terre et de l'air les hauts faits de ce héros mythique qui était descendu à Tuonela et en était revenu, s'échappant par mille formes, exemple à suivre pour les chamans qui se rendaient au Royaume des Morts pour questionner les ancêtres. Il chanta Ilmatar, fille du Ciel, qui descendit sur l'Eau et y nagea pendant sept fois cent ans et servit de nichoir à un oiseau couvant six œufs d'or et un de fer. Il conta comment la déesse eut le genoux brûlé et le secoua sous la douleur, précipitant les œufs dans la mer. Il chanta comment une coquille fut la terre, et une autre le ciel. Il chanta comment le blanc des œufs se transforma en les infinies étoiles de la nuit. Il chanta comment le jaune des œufs donna naissance au soleil. Et quand il eut chanté la création du monde, la grandeur des dieux et les nobles actions des héros, Suomi appela les väki de la terre, de l'eau, de l'air et du feu, de la forêt, du sable, de la mer et des nuages, toutes et tous qui vivaient là en cette région, habitant le moindre recoin. Pas une seule fois, il ne cessa de chanter, et pas moins de songer. Des Hommes étaient venus de l'Ouest, survolant la mer sur leurs grands bateaux de bois, grands et ceints de maille, guerriers comme marchands. Ils s'étaient installés au lac Lagoda, rejoignant des populations finnoises, slaves et baltes. Et ils n'étaient pas venus seuls. Suomi se rappelait de l'enfant effrayé et effrayant qu'il avait rencontré sur le territoire de Finnmark, un ou deux siècles plus tôt, près du Torne, rassemblés par leur curiosité. Il se rappelait de la fourrure du loup qui réchauffait encore ses épaules et de la sévérité du garçon, dont il ne comprenait pas la langue. Mais Svea avait appris à parler comme son peuple et il apprenait à parler comme le sien. C'était pour eux un exercice délicat et difficile, de longue haleine, et couronné d'un succès modeste. Mais ils se comprenaient et cette mutuelle compréhension était un premier pas nécessaire pour une pacifique cohabitation. Alors Suomi chantait aux väki de le suivre, virevoltant et sautillant vers Staraja-Ladoga. Il faisait nuit, et il pleuvait toujours, nul ne fut témoin de son étranger danse, comme il l'avait présumé. Il chanta le nom de chacun des haltija qu'il connaissait, leur demandant de venir danser auprès de lui, ne craignant pas de voir ceux qu'on n'apercevait qu'avant un grand malheur : il les avait appelés. Sa voix mua en une langue étrangère, qui sonnait faussement dans sa bouche, mais dont il connaissait les mots de pouvoir pour faire venir à lui les esprits qu'il cherchait à appeler. Les fylgjur des Hommes venus de l'Ouest se rassemblèrent une par une autour de lui, dansant dans ses pas, mêlée aux väki et aux haltija. Ils dansèrent et chantèrent jusqu'à ce que la pluie cesse. Au dernier murmure du tambour, Suomi fut seul ; les haltija étaient retournés à leurs foyers, les fylgjur auprès de leurs protégés, les väki dans leurs demeures. Apaisés, chacun à sa place, l'ordre du monde restauré. Suomi rejeta la tête en arrière, inspirant une grande goulée de l'air frais du matin, souriant et riant sous une joie incontrôlable, le corps empli du rythme vivifiant de sa danse, de sa musique et de son chant.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Mar 24 Oct 2017 - 20:45 | |
| Je sais pas du tout qui choisir, alors ce soir même si le thème m'inspire, je vais aller à l'économie. Merci à Zero-Ryuu pour m'avoir renseigné sur le mauvais usage de Ragnarök, d'ailleurs, cette expression va disparaître. - Spoiler:
Pour les parents une révolte peut être vu comme l'équivalent de l'apocalypse, surtout si l'enfant est du genre violent. Le Jugement Dernier dans un foyer, la Fin du Monde dans un autre.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Mar 24 Oct 2017 - 23:35 | |
| J'ai décidé de revenir sur l'oeuvre missionnaire franque en Suède au VIIIe s. Il faut garder en tête que la Suède ne devient chrétienne qu'à partir de la fin du XIe s (bien dernière le Danemark et la Norvège). Uppsala serait d'ailleurs le lieu d'un grand temple (nous ne sommes pas sûrs que les dieux vikings aient eu des temples), tout du moins le plus grand sanctuaire du pays. - Spoiler:
Writober 24 : Apocalypse / Révolte Birka (Suède), première moitié du VIIIe s Birka tremblait de rage et hurlait des imprécations contre les mensonges des Chrétiens. Du haut de son cheval, Svea regardait les silhouettes agitées vociférer entre les maisons, des fourches et des javelots de chasse entre les mains, des hurlements de colère dans la gorge. Il était venu en toute hâte depuis Uppsala, manquant de terrasser le pauvre animal qu'il montait sous l'intense galopade qu'il lui avait infligé durant des jours, dès qu'il avait senti le grondement monter dans le cœur de son peuple. Chez Danmörk, Horik avait pillé Hambourg, l'archevêché du missionnaire Anskar, et détruit la cathédrale. Svea comprenait le ressentiment de son peuple : les Chrétiens venus du Continent et des Îles des Celtes n'avaient eu de cesse de clamer que leur Dieu était Tout-Puissant, victorieux à chaque occasion, punissant férocement les atteintes à son encontre. Horik avait mis à bas le bâtiment sacré qui lui était consacré et volé les richesses de ses prêtres. Et pourtant, aucun courroux divin ne s'était abattu sur lui. Alors Svea comprenait la colère des habitants de Birka qui avaient accepté, par la voix de Björn et Olaf, d'accorder à Anskar une église. Le Dieu des Chrétiens n'était après tout qu'un dieu parmi d'autres et personne ne voulait se mettre une Puissance sur le dos. Chez eux, les Puissances réagissaient violemment aux affronts, elles n'étaient pas passives. Mais les Chrétiens avaient affirmé que leur Dieu surpassait toutes les Puissances, qu'elles n'étaient que des démons, ou des anges si on voulait les ménager, soumises et inférieures au Tout-Puissant. Et ils avaient profité que Björn et Olaf accordent un lieu de culte pour les marchands chrétiens pour faire venir des missionnaires, des prêtres, des moines, tous arrivés avec des prêchés en bouche, insistant pour qu'ils abandonnent leurs anciens cultes. Il comprenait mais cette foule transformée par son ire en armées ne lui plaisait pas. Elle remplissait sa bouche du fiel de la haine et agitait ses entrailles du serpent de la peur. Il savait qu'il ne fallait pas s'en prendre aux Puissances, qu'importe qu'elles soient silencieuses, car leur courroux finissait toujours par s'abattre sur les responsables. Que la foule détruise donc l'église, ce n'était qu'un bâtiment, mais Svea ne pouvait laisser le successeur d'Anskar, l'évêque Gauzert, mourir de leurs mains. Sa monture refusa d'avancer un sabot de plus et il sauta à bas de la selle, flattant l'encolure en remerciant l'animal de sa ténacité. Il lui avait déjà tellement demandé, mais le temps lui était compté. Il partit en courant, dévalant la butte, cavalant vers l'agglomération, petite silhouette zigzagant entre les maisons. La foule ne lui prêta pas même une once d'attention. Il réussit à rejoindre l'église avant que les habitants enragés ne l'assiègent et tambourina à la porte. Sans réponse, il n'eut aucune hésitation à forcer l'entrée. Le bâtiment était anormalement silencieux. Calme et serein, loin de toute la panique qui montait à l'extérieur. L'évêque Gauzert priait devant l'autel de son Dieu. Malgré lui, Svea se sentit petit et impressionné par cette dévotion affichée au-devant de la mort. - Vous devez partir. Gauzert sursauta, surpris dans sa méditation. Quand il se tourna vers lui, Svea lut dans ses yeux la terreur qui l'agitait, mais également la détermination à accepter son sort. Sauf qu'il était convaincu qu'il ne se sentirait pas aussi agité si le Destin de cet homme était de mourir ici. Il répéta son ordre sur un ton sec et pressant. Gauzert le toisa, ne voyant en lui qu'un enfant à peine adolescent, insolent et prétentieux à lui parler d'une telle façon péremptoire. Svea entendait les vociférations de la foule enfler ; il serait bientôt trop tard. - Partez ! insista-t-il sévèrement. L'évêque tressaillit enfin et sa carapace se craquela, révélant la peur cachée sous sa piété. La situation devait lui paraître apocalyptique : l'œuvre d'Anskar s'effondrait à Birka, dans les suites du pillage d'Hambourg. Il n'était pas prêt à devenir un martyr, Svea le voyait clairement. Désormais qu'il avait un échappatoire, son instinct de survie lui hurlait d'en profiter, que son Dieu n'aurait pas prévu un salut s'il devait l'appeler à lui. Svea pointa en direction de la mer vers l'ouest. - Ya un bateau, pour la Saxe. Partez, maintenant ! L'évêque ne dit rien, ni pour le questionner ni pour le remercier, mais son mouvement de tête reconnaissant parla pour lui. L'instant d'après, il avait disparu, avec tous ses gens s'il en restait encore. La foule était aux portes de l'église, toujours aussi furieuse, toujours autant armée, portée par une folle déraison. Même s'il s'agissait de son peuple, Svea ne prit pas le risque de s'attarder pour subir leur foudre.
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Re: Challenge écriture: WRITOBER Mar 24 Oct 2017 - 23:40 | |
| Pour ce texte, j'ai fais un gros doigt à l'Histoire. Déjà que je ne sais pas du tout en quelle année l'histoire se déroule ( à l'époque des pirates et corsaires en Espagne en tout cas ) , alors pour savoir si ce que je dis à du sens dans cette époque, pfiou, aucune idée :) . Mais bref. RÉVOLTE. - Texte du jour vingt-quatre:
- Papa ! Où tu vas ? Et pourquoi emmènes-tu ton pistolet ?! - Ne me gènes pas !
Le grand homme poussa le jeune garçon, qui s'avérait être son fils. Son pistolet à la main, il descendait avec rapidité le grand escalier de marbre de sa demeure et sortit en trombe de cette dernière. Le garçonnet se tenait le bras gauche, signe qu'il avait eu mal à cet endroit par le choc que lui avait causé son paternel. Il se demandait où allait son père, armé ? Il n'allait pas à la chasse, ce n'était pas la saison, et il n'utilisait jamais une arme à feu pour cette occasion, juste son arc.
Etant au palier du premier étage, il entendait des pas résonner depuis un peu plus haut, et put apercevoir sa sœur aînée descendre à toute vitesse les escaliers.
- Sarah ? - Viens avec moi, ¡ Hermanito ! Vite ! Ne reste pas planter là sur le palier ! - Mais qu'est-ce qui se passe, au juste ? Papa est sortit avec son pistolet, il ne l'utilise jamais d'habitude . . . - Il y a une grosse révolte de la part des marchands. Tu sais que padre est assez connus dans ce domaine, non ? Son frère acquiesça. Les marchands se plaignent de la réduction des prix de certaines marchandises rudimentaires, comme le bois par exemple. - Mais les hauts placés font ça pour le peuple, non ? - Oui, mais ça ne réjouit pas les marchands, qui gagneront moins d'argent sur des articles utilisés quotidiennement, et c'est pour cette raison que padre est partit avec d'autres marchands faire comme une "révolte" .
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Re: Challenge écriture: WRITOBER Mer 25 Oct 2017 - 20:13 | |
| La logique du texte est décédée. C'est basé sur un de mes OCs encore jamais utilisé pour le Writober, mais que j'aime BEAUCOUP ( y'a qu'à voir sa gueule . . . ) . Mais bref. INCOMPRÉHENSION. - Texte du jour vingt-cinq:
L’incompréhension. Il ne comprenait pas ce qu’ont lui reprochait. D’être né ? Il ne saisissait pas le pourquoi du comment de cette haine envers lui. Il avait permis la mort d’une personne inutile et d’un gros point noir pour la survie de ce monde, les autres devraient être contents, non ? À moins que ce ne soit pour autre chose qu’ils veulent l’envoyer au trépas ? Il ne comprendrait jamais.
Ou serait-ce alors de la jalousie envers son rang ?
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Mer 25 Oct 2017 - 21:06 | |
| Petit rappel au besoin, Brighid est la grande soeur de Cael, le jeune père exilé en Irlande en raison des pressions exercées par la famille de sa petite-amie. - Spoiler:
Brighid n'aimait pas les poupées. Elle détestait les robes qu'elle dédaignait au profit des jeans, plus confortables. Elle s'ennuyait en jouant à la dinette, se tordait d'impatience quand sa petite sœur de trois années plus jeune la sollicitait pour habiller ses barbies. Très jeune, elle trouvait une satisfaction supérieure dans les activités dites de "garçon" avec Cael, le cadet de la famille. A l'adolescence, elle continuait obstinément à ne pas vouloir "prendre soin" d'elle, excluant l'hygiène de base.
Des chaussures à talon se changeaient en instruments de torture lors des fêtes où il fallait s'apprêter davantage. Les jupes la plongeaient dans un inconfort dont nul ne mesurait l'ampleur. Laisser pousser ses cheveux? Hérésie, non sens, répondait-elle à sa mère quand elle glissait la possibilité d'une coupe au carré, ou d'un simple dégradé court.
Cael et elle, de morphologie semblable se prêtaient mutuellement les vêtements sous l'œil paternel, aussi attendri qu'amusé. Ils se retrouvaient par contre, à l'occasion face à des légères reproches formulées par leur mère. Laquelle qualifiait sa fille aînée de trop "fermée". Prendre un minimum soin de soi ne signifiait pas, automatiquement se métamorphoser en gourde sans cervelle. Brighid renvoyait l'idée de croire en ce lieu commun, d'après celle qui la mit au monde. Cette femme ne soupçonnait pas pour autant la plus grande de sa fratrie de ressentir une attirance féminine.
Non, puisque la concernée ramenait des garçons, pas que des amis, des potes, des frères de cœur mais bien des copains dans le sens amoureux, ou dans une optique de séduction. Ces mêmes parents levaient les yeux au ciel devant quiconque formulait cette hypothèse erronée. Si cela venait à se produire, ils composeraient avec, le temps de l'acception jusqu'à accueillir respectueusement la jeune fille en question, si elle venait à exister un jour.
Leur aînée avait beau adorer la petite dernière, s'occuper de sa petite sœur, jamais elle n'entretint une relation de confiance, une complicité aussi forte qu'avec Cael. Ce qui motiva son initiative, celle d'établir un dialogue avec les O'Neill. Cette bonne femme, même mariée et mère, Brighid lui portait toujours une haine égale. Au point d'envisager des représailles malveillantes à son encontre. Elle dut, à l'époque de ses 18 ans faire appel à tout son sang-froid, sa rationalité, se brider... Sinon, la généticienne aurait, au mieux terminé une jambe dans le plâtre.
Quand elles se croisaient par la rue, elle l'assassinait du regard, maugréant des Salopes ou, diverses injures en fonction de son esprit du moment. L'avant-veille, au supermarché, sa fille en primaire surprit ses ruminations dont elle tint à comprendre l'origine. Sa parente directe l'instruisit sans attendre, partagée entre révolte et impuissance. L'enfant demanda, sans le moindre filtre pourquoi cette Dame se montrait donc aussi Méchante.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Mer 25 Oct 2017 - 23:25 | |
| Au départ, je ne devais que parler de la différenciation linguistique entre norrois oriental (Suède et Danemark) et norrois occidental (Norvège) aux Xe-XIe s. Sauf que je voulais intégrer légèrement "tomboy" (= garçon manqué). Du coup, un résultat sur le ton de l'humour. Et non, je ne considère pas du tout Norvège comme féminin. - Spoiler:
Writober 25 : (Tomboy) / Incompréhension
Fin fond de la Norvège, milieu XIe s
Ils regardaient le paysage enneigé qui s'étalait à perte de vue sans trop comprendre comment ils en étaient arrivés là. Nóreegr avait gagné aux osselets que les fêtes du solstice d'hiver se tiendraient chez lui. Sauf qu'ils se retrouvaient désormais au milieu de nulle part, sans âme qui vive, et sans la moindre présence de leur bróðir.
Danmörk fit une volte-face agacée, presque agressive, vers Svea qui se tenait immobile, le visage désespérément impassible.
- C'est à toi que Nór a indiqué l'emplacement où nous devions nous rendre.
- Parce que tu boudais, marmonna seulement Svea en détournant le regard, le menton buté. Danmörk renifla, ayant au moins la bonne volonté de tressauter d'un pied sur l'autre de sa gêne quant à cette accusation véridique. Il n'en insista pas moins :
- Mais qu'est-ce que tu n'as pas bien compris ?
Un long silence succéda à ses paroles et il se calma pour observer plus attentivement le plus grand. Svea fuyait son regard mais ses joues rougies le trahissaient.
- Sve ? le pressa-t-il en fronçant les sourcils. Son bróðir se résigna à marmonner du bout des lèvres :
- Pas grand chose.
Un long flottement les enveloppa. Danmörk clignait des yeux et Svea se cachait en regardant à l'opposé.
- Tu plaisantes ?
- Nej.
- Comment tu n'as pas pu comprendre Nór ?
Sa voix montait d'un cran à chaque phrase. Svea lui lança un coup d'œil oscillant entre la colère et l'anxiété ; la première gagnait du terrain, il le voyait à ses épaules raidies et ses mains agitées.
- Il parle différemment.
- Tiens, je ne le savais pas, rétorqua-t-il avec sarcasme. Pourtant je parle souvent avec Nór.
Cette fois-ci, les yeux céruléens étaient emplis d'une rage froide. Danmörk leva vivement des mains apaisantes, reconnaissant qu'il semblait aller trop loin, que ce n'était pas l'agacement coutumier qu'il aimait entretenir entre eux, mais autre chose de plus terrible, et qu'il ne désirait pas déclencher.
- Tu lui parles souvent, toi.
Svea insista bien sur la dernière syllabe. Ils restèrent un long moment à se regarder en chiens de faïence sous la neige qui commençait à tomber et à cacher les étoiles. Il faisait sombre, froid et ils étaient bien solitaires en cette Longue Nuit d'Hiver.
- Nór va encore se fâcher contre moi si on arrive en retard, bougonna Danmörk en rentrant le menton dans la fourrure de sa cape.
- Il dira que c'est de ma faute, comme d'habitude, alors que c'est de la tienne.
- Nej. Si tu n'avais pas boudé, tu aurais été là pour comprendre.
- T'as qu'à venir nous voir plus souvent, plutôt qu'être tourné vers l'Est et de te perdre chez Suomi.
Il ne pouvait donc s'empêcher de l'énerver s'il en croyait le regard peu amène qu'il posa sur lui. Svea resserra les pans de sa cape doublée de fourrure et s'éloigna sciemment de quelques pas que Danmörk ne chercha pas à combler. Même s'il commençait à faire vraiment froid et qu'ils auraient plus chaud en se collant mutuellement.
- Il faudrait faire un feu, dit-il soudain, n'aimant guère le lourd silence qui était tombé sur eux comme une chape de plomb. Svea continuait son cercle autour de la butte sur laquelle ils s'étaient arrêtés en comprenant qu'ils étaient perdus. Sa voix lui parvint tout de même :
- Un abri.
Il pointa le nord où le ciel était encore plus noir qu'au-dessus de leurs têtes.
- Tempête.
- Il ne manquait plus que ça ! pesta Danmörk en descendant fouiller l'horizon opposée de celle déjà observée par son bróðir. Mais il ne voyait rien qui puisse les aider dans cette situation, hormis un flanc de montagne où ils pourraient trouver une grotte d'appoint. Il hurla l'information à Svea par-dessus le vent qui commençait à souffler avec violence, envoyant sur eux des rafales de neige, et son bróðir le rejoignit en de vives enjambées.
Jamais quelques kilomètres ne furent plus éprouvants que ceux-ci. Danmörk se demandait si Nóreegr réussissait à sentir leur angoisse. En tout cas, il avait dû accepter le fait qu'ils étaient en retard et devait les chercher ; il espérait qu'il les trouverait rapidement. Il rêvait de se blottir avec sa famille sous une chaude fourrure avec du lait chaud au miel et du gruau d'avoine exceptionnellement sucré.
- Hey !
Le cri fut repris en écho par le vent hurlant et ils se figèrent, ne sachant s'ils avaient entendu un humain ou une créature de mauvais aloi ; leurs mains se dirigèrent vers leurs armes.
- Hey !
C'était bien un homme qui venait de les rejoindre, trébuchant dans la poudreuse, le visage orné d'une épaisse barbe rendue hirsute par les coups de rasoir du vent mais l'œil vif et amical.
Sauf qu'il baragouinait dans un norrois à peu près incompréhensible. Svea lui donna un coup de coude et il comprit à son air qu'il avait encore plus de mal à saisir les mots prononcés avec un fort accent, et des différences certaines avec leur norrois. Et qu'il avait eu cette désagréable surprise avec Nóreegr.
Danmörk réussissait à peu près à comprendre ce qu'il leur disait à propos de la folie de se perdre dans cette tempête. Il se souvenait maintenant que Nóreegr utilisait souvent des mots n'appartenant pas au même champ lexical que la langue de son peuple. Svea avait raison, il devait le convenir : la langue du peuple de Nóreegr évoluait vers une autre branche linguistique que la leur.
- Notre ami devrait venir nous chercher.
La réponse qu'il reçut fut une véritable surprise. Svea en sursauta presque, du peu qu'il comprenait, et coula un regard interloqué sur lui.
- Il prend Nóreegr pour une femme ?
- Tu as entendu : je n'ai pas du tout dit ça ! s'affola Danmörk en sautillant sur place, craignant de subir le courroux de Nóreegr si une quelconque créature magique rapportait au magicien cette conversation. L'humain qui était venu à leur secours les regardait comme s'il avait affaire à des fous mais Danmörk n'en eut cure.
- Notre ami est un homme ! Il nous faut juste un abri pour l'attendre, dit-il à toute vitesse, essayant de se rappeler des termes dans le norrois de Nóreegr. L'homme hocha la tête et leur indiqua de la main de le suivre. Il avançait plus aisément avec ses raquettes. Ils réussirent à comprendre qu'il avait été surpris par la tempête en allant récupérer des collets mais qu'au moins, il avait pu ramener des lapins à sa famille.
Il les invita même à sa table et ils se régalèrent d'un délicieux ragoût de lapin en guettant l'arrivée de Nóreegr. Elle n'advint que le lendemain matin, quand la tempête se fut calmée, ou plutôt sembla être absorbée par le regard glacé de leur bróðir. Danmörk sentit des sueurs froides lui couler le long de la colonne vertébrale en avisant le visage agacée de Nóreegr se décomposer à mesure que leur sauveur lui parlait. Svea s'approcha silencieusement de lui et murmura près de son oreille :
- Ecoute. Il parle comme eux, je ne comprends pas.
Il le mettait au défi d'affirmer qu'il réussissait à suivre la conversation mais c'était loin d'être le cas : Nóreegr ne parlait pas avec ses humains comme il conversait avec lui. La force de l'habitude avait rendu Svea indifférent à une quelconque attente d'excuse venant de sa part et son silence lui suffit donc pour afficher un air satisfait. Qu'il perdit dès qu'ils furent partis. Nóreegr avait les épaules raidis, les poings serrés et le souffle erratique. Il marchait rapidement devant eux et ils se tinrent coi jusqu'à ce qu'il s'arrête brusquement pour se retourner d'un bond furieux.
- Comment avez-vous pu vous perdre avec mes indications ?
Il avait repris son langage compréhensible et Danmörk pointa aussitôt Svea :
- Il ne t'as pas compris.
- Danmörk boudait.
Nóreegr leva les yeux au ciel, marmonnant dans son dialecte une quelconque supplique aux créatures magiques, ou quelques malédictions à leur égard. Son regard s'adoucit en revenant sur Svea qui affichait un air penaud et gêné.
- Désolé, Svea. C'est vrai que ça fait longtemps que nous n'avions pas discuté et vous avez pu vous rendre compte que ma langue a mué vers autre chose que celle de vos peuples.
Svea hocha la tête, visiblement soulagé, et reprit sa route de deux-trois pas avant de remarquer que Nóreegr restait immobile à le regarder, lui, Danmörk avait des yeux froids comme le haut nord de ses terres.
- Nór ? tenta-t-il d'une petite voix mais son bróðir le coupa en levant un doigt péremptoire :
- Quant à toi : explique-moi cette histoire selon laquelle je serais une femme me déguisant en homme ?
Danmörk vit nettement Svea se mordre les lèvres pour ne pas rire et il le maudit en silence. A sa grande consternation, le courroux de Nóreegr s'abattait sur lui comme il le craignait.
- Je ne voulais vraiment pas dire ça !
Nóreegr roula une nouvelle fois des yeux et accepta l'explication sans en demander plus, marmonnant juste dans un filet de voix, les joues soudainement rouges :
- Heureusement, tu ne sais pas ce qu'il a vraiment cru que tu avais dis.
- Quoi donc ?
- Je ne te le dirais pas.
Danmörk sautilla aussitôt pour joindre ses pas à la cadence rythmée de Nóreegr.
- Pourquoi ?
- Parce que ta bêtise est assez pénible à écouter une fois, pas deux.
Il tenta d'en savoir plus de Svea mais le plus grand haussa distraitement des épaules, ayant encore moins compris que lui toute la conversation de la veille. Danmörk s'entêta à insister auprès de Nóreegr jusqu'à ce qu'il le menace de dormir dehors s'il continuait.
Sa curiosité ne valait pas le câlin collectif, le lait au miel et le gruau d'avoine sucré dont il rêvait depuis la veille.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Jeu 26 Oct 2017 - 17:06 | |
| - Spoiler:
Ce Chagrin sans importance est un vase que je rêve de briser Au moins disparaîtrait-il enfin Ultime moyen de me libérer D'un prison que j'ai bâti de mes mains Danse sur ma rétine Coule, larme qui brouille tout Changeant l'environnement en ces indistinctes masses de couleurs Si je pouvais ouvrir la Poupée et réparer son mécanisme corrompu Le temps, peut être?
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Re: Challenge écriture: WRITOBER Jeu 26 Oct 2017 - 17:17 | |
| Bon, comme je suis actuellement en plein décès dans mon lit pour lutter contre la fatigue ( vive les nuits blanches ) et que j'ai pas envie de m'endormir et de me réveiller à vingt-trois heure tut en n'ayant pas commencé le texte je jour, j'en fais un maintenant, tant que je suis encore éveillé.e, mais c'est court. Mais bref. IMAGE et ÉMOTIONS. - Texte du jour vingt-six:
Il revoyait cette petite aquarelle à détails. Cette petite image partant en lambeau à cause du temps. Il y avait eux quatre, lui, sa sœur, et leurs parents. Cette époque où jadis, ils étaient tous heureux, où personne ne connaissait la "vérité" de la personne à côté, où ils étaient encore trop aveugles et innocents pour comprendre ce que vivait l'autre.
Ce dessin lui inspirait joies d'antan, douleurs oubliés, liens brisés, colères enfouis, destruction morale, dégoût embarrassant, rêves cauchemardesques.
Oh, comment la famille Preskoroy avait-elle fait pour tomber aussi bas ?
Dernière édition par Yui [Lunatoris] le Ven 27 Oct 2017 - 0:38, édité 1 fois |
| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Jeu 26 Oct 2017 - 23:46 | |
| Retour sur Suède à Constantinople. Et je ne sais pas, j'ai voulu parler de la querelle iconoclaste (contre les images divines) qui a secoué l'Empire Byzantin. Ah Suède se fait passer pour un humain dans ce texte. J'ai choisi le nom de Björnvald en suivant l'idée que le Ber- de Berwald signifie "ours". Donc j'ai juste "vikingisé" son nom. Fils de Björn car il était courant à cette époque qu'un fils ait un nom reprenant une partie du nom de son père. Voyez les humains apparaissant dans ce texte : Thorgil fils de Thorvald et son fils Thorvild. - Spoiler:
Writober 26 : Image / Émotions
Constantinople, début du IXe sLe knörr glissait avec une lente paresse sur les flots apaisés de la Mer des Grecs. A l'ouest, le soleil commençait sa descente inéluctable vers son sommeil, éblouissant les marins qui naviguaient dans son éclat. Svea finissait de décrocher la figure de proue quand il s'était perdu dans l'observation révérencieuse du coucher de Sol. Le chemin avait été rude - la tête de dragon qu'il tenait entre ses mains confirmait qu'ils n'avaient pas navigué en eaux sûres, semé d'embûches, de rapides et de nomades pillards, mais ils étaient enfin arrivés en vue de Mikligard la Majestueuse. C'était son premier voyage qui le menait aussi loin sur la route des Grands Fleuves, jusque sur la Mer des Grecs. Il n'avait pas résisté à sa curiosité quand un capitaine, typique des vieux baroudeurs des mers et des fleuves, avaient demandé des volontaires pour renforcer son équipage en vue d'une nouvelle expédition vers la Ville des Grecs pour y vendre les « plus belles fourrures du Nord ». Il avait assénée ses vantardises avec la force d'un charisme entretenu d'expériences. Svea l'avait de suite apprécié et s'était tout aussitôt levé de son banc pour engager son nom. Il avait rapidement inventé une histoire. Björnvald, fils de Björn. Seize hivers de vie et une expérience maritime de quatre hivers. Il avait parié sur son physique à forte carrure pour contrebalancer en sa faveur son apparence juvénile. Il ne voulait pas révéler sa véritable nature pour une simple expédition commerciale. Le capitaine l'avait longuement fixé, s'en se préoccuper des rires que sa jeunesse et sa relative inexpérience avait déclenché dans la salle. Svea ne se démonta pas, rivant fièrement son regard dans les yeux de son vis-à-vis, déterminé à défendre son honneur et ses capacités. Puis le vieux loup de mer avait rit de bon cœur en frottant sa grosse main calleuse sur sa tête. - Tu me plais bien, petit. Tu as de la force dans le cœur et les yeux remplis d'une fureur déterminée. Je suis Thorgil, fils de Thorvald. Soit le bienvenue dans mon équipage. S'en était suivi des discussions sur les détails de ses fonctions - à peu près toutes les tâches subalternes requises sur un knörr - et le revenu de misère qu'il en tirerait ; il avait négocié pour la forme un petit pécule sur les bénéfices de la vente des fourrures. Le capitaine Thorgil s'était avéré autant surpris de sa perspicacité qu'impressionné par sa négociation de fer ; il lui avait finalement accordé de bonne grâce, sans enclencher de sombres nuages de dispute sur leurs têtes. - Björnvald ! Sol va t'aveugler si tu l'regardes avec autant d'insistance. La voix moqueuse de Thorvild le fit se retourner en grognant, et sans manquer de lui rappeler les farces d'un certain Danois de sa connaissance. Le garnement de douze hivers qui l'avait apostrophé avec tant d'insolence et de familiarité lui sourit de toute ses dents manquantes. - Père voudrait t'parler, et toi t'rêvasses. - Et toi tu jappes, messager. La remontrance n'eut d'autre effet que faire rire le sacripant. Il était si plein de vie, joyeux, et sans réelle méchanceté, que Svea se sentit attendri et oublia rapidement l'idée de le gronder. Thorvild écoutait à peine la sagesse de son père, récoltant souvent des taloches sans gravité, sous ses gloussements ; pour beaucoup, Thorgil était trop complaisant avec le garnement. - Thorvild, par la Foudre dont nous tenons le nom, pourquoi mets-tu autant de temps ?! tonna d'un coup le capitaine depuis le gouvernail. Le sourire de Thorvild se fit mutin envers Svea : - T'as le temps que j'compte dix fois jusqu'à dix. Puis j'dirais à Père que tu murmurais des vers amoureux à Sol. Svea sursauta et s'approcha d'un pas, bégayant sans autorité : - Mais que raco… Thorgil et son rire de crécelle avaient déjà disparu vers l'autre côté du knörr. Sachant qu'il mettrait parfaitement son plan en action, Svea se dépêchant d'aller ranger la figure de proue dans la cale, sans bâcler son travail pour autant, puis se dirigea à toute vitesse vers la poupe où le capitaine avait pris son fils sur les genoux. Thorvild babillait sur les tissus doux et riches des Grecs, il ne devait donc pas être arrivé au bout de son décompte. - Vous m'achèterez une tunique, Père ? Dites ? Dites ? - Pour que tu la salisses et la déchires à ta première escapade ? bougonna le vieux capitaine de sa voix rauque. Certainement pas. - Maiiiiis ! gémit Thorvild, la mine défaite et pleurnicharde. Père ! Thorgil avait le cœur faible pour son unique enfant à avoir survécu aux rigueurs imposées aux bambins humains, et sa femme avait été emportée par les douleurs de l'accouchement d'un autre enfant qui n'avait vécu que quelques heures. Il avait donc abandonné sa ferme à ses dépendants et était parti pour la Route de l'Est. Le petit était tout ce qui lui restait et il était trop vieux pour songer à se remarier, sans en avoir l'envie. Il hésita donc un instant mais secoua finalement la tête. - Un tissu d'une telle valeur, Thorvild… Certainement pas. - Roooh…. Ah, Björnvald ! J'étais à neuf fois jusqu'à dix et huit. Thorgil haussa un sourcil qui ne reçut aucune explication, qu'il ne demanda pas plus. Il fit signe à Svea de s'approcher de lui pour s'asseoir à côté d'eux, lui laissant l'honneur de diriger le gouvernail. - Es-tu déjà allé à Mikligard, Björnvald ? - Nej. Thorgil hocha la tête d'un air entendu. - C'est une étrange ville et un peuple tout aussi différent que Sol éclaire toutes les saisons de ce pays, au contraire de chez nous. Ils ne vénèrent qu'un seul Dieu et rejettent les autres ; ne parle surtout pas de nos Puissances devant ces Grecs, Björnvald, tu m'entends ? C'est dangereux, mortel même. - J'en ferais ainsi, capitaine. - Cache aussi tes amulettes. Svea ne put s'empêcher de serrer lesdites amulettes entre une main tremblante de sa soudaine appréhension de les perdre. Elles avaient été confectionnées par Nóreegr et portaient de fait les marques de son bróðir et de ses terres ; un doux rappel qu'il craignait qu'on lui arrache. Le capitaine posa une main apaisante sur son épaule et lui expliqua : - Ces Grecs n'aiment pas les images : ils se battent entre eux pour interdire ou autoriser toute effigie de leur Dieu et de son fils, le Christ. La mine déconfite de Thorgil indiquait qu'il n'y comprenait guère la raison. Son fils tira sur sa tunique, péremptoire : - Père ! Racontez-lui l'histoire d'Irène. - Ah, souffla doucement le vieil homme, les yeux perdus dans ses souvenirs. Il y a onze ans, avant que ma tendre épouse ne rejoigne Helja en sa demeure, je descendis les Fleuves jusqu'à Mikligard. La Ville était alors gouvernée par une impératrice, Irène dite l'Athénienne. - Une femme ? marmonna Svea dans son étonnement. Ce serait étonnant dans beaucoup de civilisations, et atypique chez les Grecs de Mikligard, de ce qu'il avait entendu. - Ja ! Et pas une régente, mais une impératrice. Il s'est même murmuré qu'elle aurait pu épouser le Grand Charles des Francs. - Il était grand comment le Charles des Francs ? l'interrompit Thorvild en tirant sur la barbe de son père dans son impatience. La question déstabilisa assez le vieil homme pour qu'il ne le réprimande pas et Svea vint rapidement à son secours en remarquant qu'il peinait à trouver une réponse . - Son œuvre était grande. - Ah bon ? - Ja. Il s'est fait nommer empereur à Rome. - C'est où Rome ? - Ah ! s'exclama Thorgil en agitant les mains pour couper la parole curieuse de son fils qui récolta une pincée d'oreille en guise de punition. - Ecoute donc, Thorvild au lieu de changer d'histoire. Mikligard est à portée de voile, Rome est lointaine et tu n'y iras sans doute jamais. - Ja, Père, bougonna l'enfant en croisant les bras dans un accès de bouderie. Thorgil se racla la gorge et se désintéressa de son fils récalcitrant pour se retourner vers Svea. - Irène était partisane des images. Mais ce n'est plus le cas : Léon l'Arménien règne à présent et les images ont été détruites. Fais attention à ça aussi, Björnvald. Il hocha lentement la tête, concentré sur le gouvernail. Le knörr s'approchait du port de Mikligard et Thorgil lui tapota l'épaule avec un sourire fier au coin des lèvres. - Tu t'en sors bien, mon garçon. Mène-nous sur un quai, j'irai régler ce qu'il faut. Des heures de négociations plus tard, où ils avaient dû assurer leur croyance en le Christ, le Père et le Saint-Esprit - ce qui n'était pas un mensonge, puisque toutes les Puissances étaient reconnues par leur foi, accepter la présence d'un interprète dépêché par les autorités et attendre une autorisation officielle qui les guida vers une auberge précise, Svea se retrouvait assis sur le lit miteux de la chambre qu'on lui avait alloué. Elle était petite et médiocre mais préférable à l'entassement sur le knörr. La discussion sur les images ne cessaient de tourmenter son esprit. Il retournait entre ses mains les amulettes confectionnées par Nóreegr et le couteau de chasse que Danmörk avait gravé spécialement pour lui. Les runes dessinées sur ces objets, et les dessins propitiatoires qui les décoraient, faisaient monter en lui une forte émotion. Il se sentait si loin de ses terres et de ses proches. Pour la première de son existence, plus de dix fois dix nuits le séparaient de ses bróður. Même si les humains qu'il accompagnait étaient de son peuple, il se sentait marginalisé par sa différence, ses secrets nécessaires, sa vieillesse juvénile. L'agaçante proximité de Danmörk lui manquait atrocement, même s'il ne l'avouerait jamais à haute voix, et le ton sarcastique mais sage de Nóreegr tout autant. Ces objets qu'il caressait étaient ainsi emplis de souvenirs de ces liens auxquels il tenait avec une force qu'il ne découvrait qu'en réfléchissant à une potentielle perte. Svea n'arrivait donc pas à comprendre comment les Grecs pouvaient rejeter les images de leurs Puissances avec autant de violence.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Ven 27 Oct 2017 - 17:50 | |
| Petit éclairage sur un élément de l'enfance de Kennocha et de son petit frère, le père de Monroe par ailleurs. - Spoiler:
Débarquée dans le grand aéroport, Kennocha Eskinne, huit ans tenait la main de son petit frère, refusant de la lâcher. Ses grands-parents maternels devaient venir les récupérer, elle formula le vœux silencieux qu'ils ne tardent pas trop. Arrachés à leur Ecosse natale par une tragédie familiale dont les journaux Nord-Ecossais se délectaient, Cinàed et elles se retrouvaient orphelins de mère.
Le second enfant ne décochait plus un mot depuis, tomber sur le corps de sa Maman au retour de l'école, largesse plus permise dans les petits villages semblables au leur le brisa définitivement. Rien d'anormal en soi, cela n'empêchait pas son aînée de se tourmenter sincèrement sur le genre de personne qu'il deviendrait après pareil traumatisme. Du moins, pas en ces termes, mais l'essentiel de ce questionnement animait depuis la fillette.
Le couple de jeunes retraités se présenta à eux dans un sourire où perçait une gêne évidente. Et que le petit se colle littéralement à sa sœur quand l'homme voulut se pencher afin de se présenter empira. Ils ne se connaissaient pas le moins du monde, se découvraient dans les pires circonstances possibles. Déracinés dans cette énorme mégalopole où tout pour eux deux rimait avec démesure...Au moins, ils en comprenaient la langue grâce à la forte population bilingue.
Sa femme, en désespoir de cause, envisageant une issue de ce genre, sortit du sac en toile un gâteau. Pas n'importe quoi, un oatcake, petit goût de pays destiné à adoucir la rupture. Les traits de Cinàed se transformèrent en présence d'un élément issu de son quotidien. Oubliant toute éducation, toute prudence ou retenue, il s'empara de la gourmandise qu'il engouffra.
Derrière ses longs cheveux dont l'été aurait pu être meilleur, la plus âgée des enfants puisa dans ses ressources murmurant à ses tuteurs en devenir qu'elle s'excusait au nom de son frère pour son mauvais comportement. Pourvu qu'ils ne les voient pas comme des enfants sans éducation!
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Re: Challenge écriture: WRITOBER Ven 27 Oct 2017 - 18:00 | |
| Bon ben vingt-septième jour. J'ai utilisé le même OC que celui du jour vingt- cinq, celui qui ne comprenait pas pourquoi tout le monde le détestait. Mais bref. INCONNU et JUGEMENT. - Texte du jour vingt-sept:
Il était assez nerveux. Comment réagiraient-ils donc à sa vue ?
Il était "né" il y a un petit moment, et il allait enfin se "présenter" . Il appréhendait la rencontre entre eux et lui. Il savait qu'il manquait quelqu'un à l'appel, derrière cette porte. Il allait prendre sa place, à l'homme tant attendu.
Il ouvrit enfin les grandes portes. Tous les regards se posèrent sur lui, le nouveau-venu. Il arquèrent leurs sourcils, se demandant à qui ils avaient à faire, et qui était donc cet homme blond en face d'eux, qu'ils ne connaissaient pas.
Ses joues étaient rouges, ses lunettes étaient en train de glisser de son nez. Il était déstabilisé devant tant de paires d'yeux en train de le fixer et de le scanner. Leur jugement était en train de peser contre le nouvel arrivant.
Il savait qu'ils avaient deviné à qui il était lié, il n'y avait qu'à voir son physique.
Devait-il leur dire ? Devait-il leur avoué la raison de sa présence, la raison de sa "naissance" ?
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Sam 28 Oct 2017 - 0:38 | |
| 30 min de retard... mais 2300 mots xD. Rien à dire, à part qu'il y a France dans ce texte. Ah si ! Aegir est le dieu de la mer. Le prix du sang correspond au wergeld : ces sociétés du Haut Moyen Age étaient fondées sur le droit à une violence légitime. Nous sommes peu après le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911) qui donne à Rollon la Normandie. Les Francs parlent une langue romane et Francia parle également une langue germanique car la moitié des royaumes francs de l'époque sont de langues germaniques ; il y a encore une intercommunication possible entre norrois et germanique continental. - Spoiler:
Writober 27 : Inconnu / Jugement Rives septentrionales de France, début Xe s ĺsland était frigorifié et terrifié. Il se s'était jamais senti aussi perdu entre les affres des eaux tumultueuses et la perte tout aussi terrifiante de son frère. Il n'y avait autour de lui que la mer houleuse, noire et prédatrice. Il peinait à garder la tête hors des flots, engoncé dans ses vêtements, son petit corps faiblissant contre la force des éléments. Même le ciel était sombre, privé de toute étoile, sans même un seul éclat de la lune. Lors de leur départ de ses terres, nul n'aurait prévu la terrible tempête qui avait tonné sur leurs têtes impuissantes. Le tonnerre n'avait pas annoncé les éclairs ; la foudre avait frappé le mât avant que battent les tambours du ciel. Privé de leur voile, le knörr encombré par l'épais tissu, ils avaient été condamnés à subir la fureur de la tempête. Par-dessus le vacarme des cris et des carillons foudroyants, ĺsland avait entendu la voix furieuse de Nóreegr, promettant un nidh infamant au sorcier qui avait embarqué avec eux. Ils se faisaient passer pour des humains, son frère n'aimant pas que les hommes soient au courant de son existence tant qu'il n'aurait pas grandi, et Nóreegr avait été écarté du frétt par cet ambitieux collègue. Et désormais, la colère d'Óðinn allait les engloutir dans les flots d'Aegir. Une violente vague, aussi acérée qu'une immense lame vengeresse, avait percé la coque du knörr sur sa largeur, le coupant brutalement en deux, précipitant les hommes dans les profondeurs ténébreuses des abysses. ĺsland ne savait pas vraiment d'où il tirait la force de se maintenir à flot. Sa poitrine le brûlait, ses yeux le piquaient, il avait perdu de vue son macareux et son frère, et le désespoir avait pris possession de son cœur. Il se sentait tellement fatigué, ne voulant que fermer les yeux et se laisser lentement glisser dans les bras mouillés de la mer. Ses yeux papillonnèrent, ses bras ramollirent leurs efforts, le goût salé des eaux marines lui écorcha la gorge. Il n'avait plus la force d'y faire attention ; il sombrait. Au moment où sa conscience s'éteignait, une poigne d'acier s'enroula autour de ses flancs, sortant sa tête de l'eau. Il entendit un souffle saccadé, reconnut l'odeur de Nóreegr, et se sentit sauvé avant que l'inconscience ne le happe. Il se réveilla au bruit d'une toux rauque et hachée. Un sable épais et gluant d'eau et d'algues rendait ses vêtements lourds mais il était sain et sauf sur la terre ferme. Il n'y avait aucune trace du knörr à l'horizon et nul autre survivant que l'ombre qui s'essoufflait à recracher de ses poumons l'eau qu'elle avait avalé. A cette idée, ĺsland se recroquevilla sur le flanc et crachota les quelques gorgées qu'il avait avalé, gémissant et pleurant de la douleur qui lui vrilla la gorge. Aussitôt, l'ombre se dirigea vivement près de lui, l'enserrant dans ses bras froids mais chaleureux, fredonnant une douce symphonie de réconfort. - Stori bróðir, pleurnicha-t-il faiblement en se lovant dans le giron protecteur de son aîné qui ne cessa pas un instant de le bercer et de le coller contre lui. - Chut, mon petit ĺs. Je suis là, rien de mal ne va plus arriver. Je suis là, ĺs. Arrête de pleurer, tu vas irriter encore plus ta gorge. Il acquiesça faiblement, sentant revenir une humeur plus douce dans l'embrasse de son frère. Après quelques secondes où il garda sa tête enfouie dans la tunique trempée de Nóreegr, séchant ses larmes, ĺsland redressa la tête pour regarder les alentours : il ne reconnaissait rien. - Nór… Où sommes nous ? Ce n'est pas chez toi. C'était là où ils se rendaient avant que la tempête ne détourne leur route. Nóreegr déglutit, le regard nerveux, la poigne resserrée autour de lui. ĺsland ne savait trop s'il voulait le réconforter ou se rassurer soi-même. - Nous sommes chez Francia. Le petit représentant comprit d'un tout la peur lovée dans les yeux anormalement expressifs de son frère. Francia n'était pas en bons termes avec les peuples du Nord, si prompts à piller et guerroyer sur ses terres ; s'il les trouvait aussi démunis, il ne savait ce qu'il ferait d'eux. Et Nóreegr était tout aussi inquiet, il ne s'en cachait même pas, ou n'y arrivait pas. - Viens, ĺs. Nous devons aller vers l'ouest. Il y a Rollon là-bas : il appartient à nos peuples. ĺsland entendit parfaitement ce que son frère tentait de passer sous silence : il nous protégera de Francia. Mais il se tint coi et se releva en même temps que son aîné, s'agrippant à sa main, tout en regardant le ciel d'un air inquiet. - Rappelles-toi, nous sommes Sigurd et Eírik. Nous voyagions pour retrouver notre famille maternelle en Nóreegr car toute la lignée paternelle a été décimée en ĺsland. Personne ne doit savoir qui nous sommes. Il hocha vaguement la tête, le nez levé vers la voûte céleste où une aube morne se levait lentement. Son frère lui caressa la tête, comprenant aisément la nature de son inquiétude. - Ne t'en fais. C'est un oiseau malin. - Mais il fatigue. La main se fit plus douce sur sa tête, tant les mots manquaient à Nóreegr. Alors ĺsland baissa la tête vers le sol, retenant de nouvelles larmes, priant toutes les divinités qu'il connaissait pour que son macareux ait survécu à la colère du ciel. Et soudain, un poids s'imposa sur son épaule, manquant de le faire choir, surprenant même son frère qui tira de moitié son couteau de sa gaine ; la seule arme qui lui restait. Son macareux était en sale état, hirsute et trempé, tremblant de fatigue, mais bien vivant, et il se lova contre son cou, recherchant sa chaleur. Alors ĺsland se sentit plus fort et plus vivant, malgré leur situation guère encourageante. Ils n'avaient pas marché plus de trois heures que des cavaliers les interceptèrent en les encerclant de leurs grands et puissants chevaux. Ils n'avaient rien à voir avec les petits chevaux endurants montés par leurs peuples. Leurs cavaliers leurs parlèrent dans une langue qu'ĺsland n'avait jamais entendu et qui lui parut d'une étrangeté supérieure à celle des Anglo-Saxons parfois de passage sur ses terres, et encore différente de la langue des Celtes. Nóreegr le plaqua aussitôt dans son dos, la main sur son couteau, et répondit dans la langue étrangère, la voix peu habituée aux sonorités. Les hommes ricanèrent et sourires de mauvais aloi. Leurs regards étaient mauvais : ils criaient la vengeance. ĺsland commençait à se demander si s'associer avec ce Rollon que son frère avait cité était vraiment une bonne idée. Nóreegr était prêt à se battre, et il le serait donc aussi. Il n'abandonnerait pas son frère à ces inconnus hostiles. Ses petits poings se serrèrent, avides d'en découdre, ou du moins tenta-t-il de s'en convaincre. Mais une voix impérieuse coupa court au conflit. Les cavaliers s'écartèrent vivement pour laisser passer un grand cheval blanc, à l'élégance à couper le souffle, monté par un homme tout aussi beau et élégant. Ses longs cheveux ondulés étaient blonds comme le blé, ses yeux bleus comme le ciel, le visage si ciselé qu'il en paraissait féminin. Mais il se dégageait du personnage une aura d'autorité. Il ne lui fallut en effet que quelques mots pour que les cavaliers déguerpissent, certes de mauvaise grâce évidente. Nóreegr ne s'était pourtant pas détendu et le cachait sciemment à la vue du nouveau venu qui posa néanmoins des yeux perspicaces sur les cheveux argentés qui dépassaient du dos norvégien. - Tu n'as rien à craindre, Nóreegr, si tu viens en ami. Il ne parlait pas en norrois mais sa langue germanique était assez compréhensible pour leurs oreilles. - C'est le cas. Une tempête nous a fait échouer sur tes terres, Francia. Laisse-nous partir. La menace sous-jacente était claire, tant dans le ton que dans le halo verdoyant qui entourait les mains de son frère : il s'apprêtait à lancer un sort, et le ferait si l'autre représentant l'y obligeait. Francia plissa des yeux, soudainement plus agressif, plus menaçant, plus grand même, dans ses habits nobles et sa maille argenté, sur son grand cheval blanc et avec ses insignes de pouvoir. Ils étaient nettement en contexte d'infériorité, écrasés par la puissante apparente et réelle de Francia. - Ne rejoins pas Rollon. Tu as dis venir en ami. - Les terres de Danmörk sont trop lointaines. - Tu peux faire ce voyage sans problème, rétorqua sèchement Francia, le regard se décalant sur lui. ĺsland gémit entre ses dents et se colla contre son frère, proie soudaine des yeux bleus. - Mais ce petit… - Il n'est personne. ĺsland n'avait jamais entendu son frère parler aussi froidement à quelqu'un, même lorsque Danmörk l'agaçait, ni senti son bras trembler autant alors qu'il le resserrait dans son dos, l'éloignant du regard du Franc. - Ne te moque pas de moi, Nóreegr, il est comme nous. Son frère se détendit comme un serpent. Son coup de couteau trancha les courroies du cheval qui, affolé par la soudaine attaque, se cabra en poussant un hennissement perçant et éjectant son cavalier au sol où sitôt qu'il toucha la terre, Nóreegr se jeta sur lui pour l'enserrer entre ses cuisses, pressant son couteau contre sa gorge. - Si tu oses lui faire du mal, gronda-t-il d'une voix chargée de toute la froideur glacée de la Longue Nuit d'Hiver. Il n'y aura jamais plus grande douleur de ce que je vais te faire. Ils se jaugèrent du regard, deux loups dominants et opposés, montrant les dents pour affirmer leur supériorité. ĺsland fut le premier à voir le couteau qu'avait tiré Francia et il hurla quand il trancha la tunique de son frère qui avait bondi en arrière pour éviter la morsure de son adversaire. Le petit représentant oublia toutes se peurs et ses hésitations. Il n'aimait pas ce Franc. Il était habillé bizarrement, parlait étrangement, tout en lui était inconnu et ĺsland avait rendu son jugement : il était un ennemi. Son premier coup déstabilisa assez le Franc, encore à terre, pour qu'il lâche son couteau en grognant et il s'en empara d'un mouvement leste pour l'attaquer au visage, visant l'œil dans sa rage. Francia avait osé blesser son frère, il ne le laisserait pas faire, il refusait que ces terres inconnues fassent souffrir plus longtemps son ainé, ou lui-même. Mais il fut soudainement tiré en arrière, ne griffant que la joue, et se retrouva surélevé par la poigne énervée de son frère. Son macareux prit le relais, pinçant, griffant, picorant le représentant franc jusqu'à ce que Nóreegr ne claque la langue d'un air agacé, chassant le volatile. - Es-tu devenu fou ? - Il t'as attaqué ! - J'ai été agressé en premier ! intervint Francia d'un ton plaintif, la main sur sa joue ensanglantée. ĺsland se débattit de toutes ses forces, crachant comme un petit fauve, le couteau s'agitant dans tous les sens, mais Nóreegr ne le lâchait pas. Ses yeux étaient rivés dans ceux de Francia. - C'est mon frère. La sévérité du regard bleu s'adoucit nettement et Francia soupira. - Tu pensais vraiment que je m'en prendrais à lui ? - Nous sommes ennemis. - Ce petit n'a rien à voir avec les raids qui sévissent sur mes terres. Francia se releva lentement, les mains en évidence, dans une tentative de les apaiser. Mais ĺsland ne voulait rien entendre. Il sentait un terrible volcan brûler de colère en son cœur : ses yeux jugeaient l'inconnu, sa voix grondait son ressentiment, ses poings tremblaient de sa rage. - Il a du caractère. Francia osait même se moquer de lui. Si seulement Nóreegr voulait bien le lâcher. Mais son frère gardait sa poigne ferme et mit autant d'acier dans ses négociations. - Laisse-nous rejoindre Rollon. - Je ne peux pas. - Pourquoi ? - Il ferait venir les Danois. - Danmörk ne fera que venir nous chercher. Ils se renvoyaient la balle trop rapidement pour qu'ĺsland arrive à réellement saisir ce qu'il se tramait dans ce dialogue vif et violent. - Ais-je ta promesse, Nóreegr ? - Sur Óðinn, Þor et Freyr, je m'y engage. - Je n'accepte pas les serments d'un païen. - Je n'accepte pas de promettre sur le Christ. L'hostilité revint danser entre eux. Désormais calmé, ĺsland sentait la fatigue de cette affreuse journée lui retomber dessus : il avait froid, faim et peur ; il voulait juste se blottir contre son frère et dormir en paix. - Stori bróðir… couina-t-il en frottant son nez au poignet qui le maintenait au-dessus du sol. Son geste adoucit nettement ses aînés et Nóreegr tourna légèrement la tête sur le côté, concédant du bout des lèvres : - Je promets sur mon couteau. Francia haussa un sourcil circonspect. - Danmörk me l'a offert. ĺsland ne comprenait pas ce qu'il se tramait : tous ces discours, ces rituels, cette violence lui étaient inconnus. Il ne connaissait rien de tout cela, protégé par son frère, Danmörk et Svea. - Mais je veux que tu promettes en retour d'oublier mon frère. - Je ne peux pas oublier. Mais je promets sur mon couteau, un cadeau de Charles mon Grand, que je ferai comme si je ne connaissais pas son existence. Nóreegr hocha rapidement la tête et les serments fut solennellement prononcés. - Maintenant, partez vite ! Il y en a beaucoup ici qui désirent un prix de sang de Rollon. Allez vite vous mettre sous sa protection. Il ne savait trop si Francia était méprisant ou réellement inquiet mais il lui montra les dents avant d'être poussé vers l'avant par son frère. Il attendit que les sabots du cheval se fassent lointains pour relever la tête vers Nóreegr. - Je ne l'aime pas. - Tu ne le connais pas. - Encore plus, marmonna-t-il d'un ton catégorique.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER Sam 28 Oct 2017 - 16:28 | |
| La "guerre" en question est très symbolique et a plusieurs niveaux de "lectures", du moins c'est ainsi que je le conçois, et quand à traumatismes, il suffit de voir l'état du personnage pour le comprendre. Encore une fois, même univers, donc sous-entendus glissés ça et là. Bienvenu dans une portion du quotidien de Monroe! - Spoiler:
Monroe se dit qu'il évoluait parfois en pleine zone de conflit. Pas réellement, son père et sa mère cumulant les défauts n'en venaient tout de même pas aux armes hein! Quoi...Qu'avec eux... Ce qui le poussait à tenir ce raisonnement tenait en quelques phrases: l'état général de l'appartement. Bouteilles de bière, canettes diverses, cigarettes éventrées, mégots...
Tellement dégueulasse. Du haut de ses 16 années fêtées la semaine précédente, le jeune garçon assistait au spectacle de leur déchéance. Alcooliques, drogués, fêtards, amateurs de "jeux" à plusieurs... Cerise sur ce gâteau immangeable: Incapables de s'occuper de lui, forcément. Il s'assit sur la moquette d'une intégrité douteuse.
Que Tante Kennocha lui manquait...Pourquoi elle avait dû mourir si vite? La maladie aurait pu faucher un de deux autres, là, au lieu de la seule personne qui l'aimait de façon sincère? Correction: seule adulte, responsable toujours disponible pour lui.
Une lassitude profonde l'envahit, à quoi ça rimait? Depuis deux ans, il comptait sur la générosité ponctuelle d'une tante, moins proche, évitant ainsi de trop manquer sur le plan nourriture. Avoir été renvoyé du lycée ne l'arrangeait pas tellement, fini le déjeuner gratuit au quotidien. Rien ne restait débout décidément... Oh bordel!
Dans un mouvement de prière inexistante, il luttait contre une envie profonde, viscérale de tout, absolument tout foutre en l'air! Saloper cette baraque au possible! Evacuer sa haine, hurler son désespoir par un chaos visible. Les objets cassés répondraient en écho à ce qui l'agitait dans l'immédiat.
Voir des morceaux lui aurait apporté un apaisement inqualifiable...Il n'y résolut pourtant pas, des rivières incolores au coin des paupières pompant toute rage, toute révolte en lui. Kennocha... Il voulait encore qu'on la lui rende! Que cette erreur soit corrigée! Il se prenait à émettre ce souhait enfantin, égoïste...Ramener quelqu'un de là où nul ne revenait.
Dans ses souvenirs, la berceuse de cette fameuse nuit d'hiver glaciale tournait sans cesse. La voix de la jeune femme aux longs cheveux blancs, conséquence directe de sa mort, car caractéristique visible de son albinisme s'élevait en une douce caresse contre son âme.
L'enfant en lui criait: Pas juste! Exigeant le retour immédiat de sa tante paternelle, insultant la terre entière, maudissant l'univers à qui il ne pardonnerait jamais cet affront! En conflit perpétuel avec le système qui l'avait trahi, abandonné... Prendrait-il les armes? Finirait-il rebelle, anarchiste?
Il ne croyait déjà plus en cette prétendue justice, elle ne s'appliquait pas à eux. La société l'ignorait, tournait le dos aux suppliques de Duane, devenait sourde aux signaux d'alarme de Marry-Queen, méprisait les revendications de Nerys. Les Oubliés, voilà ce qu'ils étaient. Pas assez mal en point pour rendre l'ignorance impossible, mais profondément blessés.
Un champ de bataille apparaissait dans la tête du jeune Ecossais Continential par périodes. Il se sentait changé en soldat muni d'un couteau dérisoire, face à lui une arme entière prête tout décimer.
Il perdait le contact avec la réalité dans sa souffrance. L'entrée juchée de détritus multiples prenait l'allure d'une plaine. Des cadavres tantôt entiers, parfois non remplaçaient le désordre et la saleté environnante, les verres vides aux quatre coins de la pièce, des armes abandonnées ou endommagées. A travers les brumes de sa propre conscience meurtrie, il déformait, remodelait son passé.
D'un lâche, d'un faible, il se dotait des traits d'un héro que rien n'atteindrait. Il avait mené des batailles, neutralisé des ennemis... Ho...Douce, suave saveur du mensonge libérateur. Remède à l'absence, protection contre ce que lui renvoyait sa mémoire en uppercut, qu'un enfant ne devait, Normalement jamais affronter. Pas plus qu'un adulte...
Il confondait les rires des convives de ses géniteurs irresponsables et les injures, menaces entendues dans un foyer différent, en un sens moins sûr que le sien. A l'autre bout du couloir, la fête battait son plein, lui se croyait aux portes de l'Enfer.
Quand la chambre au fond s'ouvrit, l'agressant d'une musique trop forte, il se raidit. Sortir...S'enfuir! Il distinguait péniblement les contours de silhouettes maladroites lorsqu'il se rua dans la cage d'escalier, dévalant les marches, distanciant le vacarme.
A l'extérieur, il poursuivit sa course sans but, jusqu'à atteindre l'espèce de local désinfecté. Sa vision lui permit de se réveiller de cet espèce de délire incompréhensible que son cerveau avait constitué. Monroe ne réfléchit pas, il s y'engouffra, retrouvant un calme relatif.
L'étonnement le frappa, il avait couru une demie-heure, voire une heure d'après l'endroit où il venait d'atterrir. Comment ne pas s'en être aperçu? Son rythme cardiaque se changea de lui rappeler les limites de son corps par une respiration saccadée. Roulé en boule sur le canapé bon pour la décharge, il craqua définitivement. Un long sanglot entrecoupé de hoquets secouait le garçon recroquevillé sur lui-même, vaincu par ce qu'il voulait complètement oublier. Propulsé bien trop tôt dans la dimension des adultes.
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Re: Challenge écriture: WRITOBER Sam 28 Oct 2017 - 20:18 | |
| Jour vingt-huit. Depuis le début du Writober, j'avais une idée de quoi faire pour ce texte, dès le moment où j'ai vu les deux thèmes, je savais quoi faire. Sachant que l'OC utilisé est Normandie et en connaissant les thèmes d'aujourd'hui, je pense que vous avez compris où je veux en venir. Mais bref. Et je m'excuse si je fais d'horribles fautes historiques. TRAUMATISME et GUERRE. - Texte du jour vingt-huit:
Il s'en souviendrait toujours. Ce six juin mille neuf cent quarante quatre, il était sur le littoral, à regarder les milliers de bateaux avancer vers ses terres.
Des bombes étaient lâchées depuis le ciel par les avions allemands, faisant tout exploser sur leur passage. À chaque bombardement sur son territoire, Normandie avait comme un haut au cœur. Ça lui faisait mal.
L'aube commençait à se lever, les navires alliés venaient d'accoster. Angleterre s'était approché de la région normande, et ils se saluèrent en une poignée de main. Leurs regards ne trahissaient aucunes peurs, comme bien décidé à mettre fin à cette guerre.
Mais au fond, Gabriel souffrait. Une faute, même légère, et c'était la fin. Personnes ne devaient se louper, ils devaient gagner. Alors que les soldats apportaient le matériel nécessaire, Normandie regarda la nation britannique lui tourner le dos pour aller rejoindre ses troupes.
L'opération Neptune avait été un succès total, les alliés avaient gagnés haut les mains cette bataille. Mais la région n'oublierait jamais les horreurs qu'il a pus voir à cause de cette guerre. Ils étaient gravés au plus rouge des fers dans sa mémoire.
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Re: Challenge écriture: WRITOBER Dim 29 Oct 2017 - 21:44 | |
| Jour vingt-neuf du Writober. Ce soir, ce sont des OCs que j'ai dans un UA un peu bizarre d'Hetalia, et je les appelleraient seulement par leur nom humain dans ce texte. Ce dernier est d'ailleurs très, mais alors trèssss, fouillis et cafouillis et tréfoullis !Mais bref, trêve de bavardage inutile. ENTOURAGE. - Texte du jour vingt-neuf:
Mattheo avait tout fait pour ne pas se lier d'amitié avec les autres nations, à l’exception des quatre seuls autres pays étant comme lui. Pourquoi ? Car il savait que les autres allaient "mourir", eux aussi. Seuls Jack, Arnbjörn, Lieke, Young-Jae et lui-même allaient "survivre" à ce destin, vu qu'ils étaient déjà "morts" .
C'était pour cette raison qu'il avait tout fait pour s'attacher à seulement ses amis, comme lui, et pas aux autres nations, pour ne pas qu'il souffre une fois de plus car l'un d'eux est "mort" .
Son entourage était donc limitée à ses précieux amis, à ceux étant comme lui. Et c'était très bien comme ça.
Les autres nations, ceux étant "normaux" , le trouvait étrange d'être si éloigné d'eux, à les éviter, à minimiser ses conversations lors des réunions, à toujours être dans son coin avec ses amis.
Lieke n'était pas d'accord avec Mattheo, protestant en disant que justement, comme les autres devraient "mourir" un jour, ils devaient profiter d'être avec eux. Arnbjörn et Jack étaient assez confus sur la question et la mentalité de leur ami, et Young-Jae s'en fichait de toute cette histoire, préférant rester loin des conflits.
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| | Re: Challenge écriture: WRITOBER | |
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